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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 4
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Duret, Théodore: Sir Joshua Reynolds et Gainsborough: expositions d'hiver de la Royal Academy et de la Grosvenor Gallery
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0350

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SIR JOSHUA REYNOLDS ET GAINSBOROÜGH.

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Gainsborough s’exagère et laisse voir, sur toute la toile, de grands coups
de pinceau ronds et uniformes. Certaines œuvres de Gainsborough sentent
l’improvisation, le pinceau a couru avec rapidité, sans retour sur les par-
ties d’abord négligées. Ce sont des œuvres qu’on appellerait aujourd'hui
impressionnistes. Elles ont les qualités du genre, la légèreté, le brio ;
mais, pour ceux qui aiment la peinture faits, elles manquent d’assiette et
de solidité. Un autre défaut, auquel Gainsborough se laisse aller de temps
en temps, est de donner à ses personnages une trop grande taille. Le por-
trait de Mrs Douglas, à la Royal Academy, nous représente une femme
assise ; si elle se levait, la toile pourrait à peine la contenir.

Gainsborough a donc des faiblesses et des défaillances ; mais jamais
la vie, le charme et l’élégance ne lui font défaut. Aussi est-il difficile de
regarder un de ses tableaux sans être séduit. Ses œuvres les meilleures,
celles qui sont absolument réussies, mises à côté de celles des maîtres de
n’importe quelle école, soutiendraient sans fléchir la comparaison. L’art
est fait pour exprimer la vie, et les maîtres ne sont grands et ne nous
captivent que parce qu’ils nous rendent sensibles la manière d’être de
leur nation et les sentiments de leur temps. Aussi Gainsborough, au sein
de l’école anglaise, nous charme-t-il spécialement parce qu’avec plus de
saveur et d’accent que tout autre, il nous fait vivre les Anglais distingués,
les ladies et les gentlemen du xvnr siècle. Les femmes de Gainsborough
sont surtout des créatures adorables : Anglaises à la peau fine et trans-
parente, aux regards suaves, mélange de langueur, d’innocence et de
coquetterie. Comme exemple, le portrait de Nancy Parsons, exposé cette
année à la Royal Academy, est un pur chef-d’œuvre. La touche rapide
et légère est on ne peut mieux appropriée à rendre le modèle, délicat et
aux yeux langoureux. Nancy Parsons est là sur la toile aussi vivante, aussi
fraîche, aussi séduisante qu’au moment même où elle a-été peinte. Gains-
borough, le jour où il a fait ce portrait, a réalisé le type de l’Anglaise
idéalisée et, par la triple puissance de l’imagination, du sentiment et de
l’exécution, s’est placé parmi les maîtres de premier ordre.

THÉODORE DURET. „ ...
 
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