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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 4
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Ephrussi, Charles: Exposition d'œuvres de maîtres anciens, 2: tirées des collections privées de Berlin en 1883
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0377

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

doute que ce titre doit être revendiqué exclusivement par l’œuvre magistrale passée
de la collection Crozat à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, transformée ensuite de façon
à ne plus répondre à la description minutieuse de Van Mander1. Le triptyque exposé
à l’Académie pourrait être de la main de Scorel, un des habiles successeurs de Lucas
de Leyde.

Parmi les vieux maîtres allemands, nous rencontrons d’abord l’anonyme de l’école
colonaise désigné sous le nom de Maître du tableau de Saint-BarLolomé, dont le
Louvre possède une grande Descente de croix anciennement attribuée à Quinten Mat-
sys et donnée par le catalogue actuel au commode et expéditif inconnu. Ce maître
colonais se montre à l’exposition avec une Adoration de l'enfant (acquise par M. Hai-
nauer à la vente Beurnonville) qui est évidemment de sa jeunesse, environ vers 1500,
c’est-à-dire assez sensiblement après Schongauer, avec lequel on a trop facilement
identifié notre anonyme qui, du reste, semble avoir connu de près et mis à profit les
gravures du beau Martin.

Un autre artiste colonais, le maître de la mort de Marie, s’est si fortement impré-
gné des Flamands que pendant longtemps on Ta confondu avec le Néerlandais Jan jost.
L’exposition a de lui un portrait des plus caractéristiques, Y Homme à l’œillet (au
comte Redern). La simple et digne attitude des portraits de ce maître a fait penser
à Hans Holbein, tandis que sa facture souple et estompée, sa coloration claire et bril-
lante accusent le voisinage immédiat de Quinten Matsys. A côté de Yllomme à
l'œillet, une exquise petite peinture fine comme une miniature, de Bartholomeus do
Bruyn, atteste suffisamment que ce délicat artiste a été l’élève de cet anonyme.Disons,
à propos de ces anonymes, combien il est difficile d’arriver à quelque attribution
sérieuse quand il s’agit de ces vieux maîtres allemands : leurs œuvres sont éparses
dans les églises, les musées et dans les collections privées; les documents écrits sont
peu abondants, les recherches insuffisantes. C’est de nos jours seulement que l’atten-
tion de la critique s’est portée vers ces primitifs. Aussi que d’incertitudes encore
dans les attributions! Que de tableaux,baptisés et débaptisés presque en même temps,
passent sans scrupule d’une école à l’autre, du Nord au Midi, du Maître au scarabée
au Maître aux bourdons croisés! C’est ainsi qu’un polyptyque de l’Exposition,
naguère donné à Grunewald, est maintenant mis, jusqu’à nouvel ordre, sous le nom
de Martin Schaffner, avec plus de discernement, si Ton en juge par la puissance du
ton, l’uniformité de la lumière, les attitudes calmes et dignes des quatre saints en
demi-figures. D’un anonyme, encore des premières années du xvr siècle, une œuvre
charmante, un jeune homme coiffé d’une barrette noire qui couvre ses longs cheveux
blonds, tenant une pensée à la main.

Lucas Cranach l’aîné est un des lions de l’Exposition. Son portrait de femme
assise, si remarquable par la belle et limpide couleur, par la vie de la conception, par
l’intelligent dessin, est de la première période du maître, alors qu’il ne s’était pas
encore habitué à un faire de pratique en peignant sans répit les réformateurs, ses
amis, et les princes saxons, ses protecteurs. Dans ces premières années, avant /I5/I0,
Cranach, quoique absorbé surtout par la gravure et le dessin pour bois, n’en donne
pas moins dans ses rares peintures le meilleur de son art, entre autres son véritable

1. Van Mander décrit, on effet, des sujets peints sur les faces extérieures des volets qu’on no retrouve
plus à l’Ermitage. Cet appendice du triptyque a été détaché de l’ensemble, et, d’après une récente commu-
nication de M. P. de Semanow à M. Bode, appartient à un amateur russe. Le triptyque même de l’Ermi-
tage a été parqueté de manière à perdre l’aspect primitif et à ne former qu’un panneau unique.
 
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