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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0390

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BIBLIOGRAPHIE.

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l’idiome primitif persiste; les actes publics, les contrats sont passés dans les deux
langues, le grec et l’arabe. Le midi de la Péninsule et la Sicile sont les foyers vivants
do l’hellénisme au moyen âge. Constantin l’Africain, le protégé de Robert Guiscard,
fait des versions d’auteurs grecs. Jean d’Otrante écrit sur la prise de Parme par Fré-
déric Barberousse, un poème grec; Bartolomeo de Messine traduit les Morales d’Aris-
tote, et son maître, Manfred, le fds de ce Frédéric II qui rêva, au xme siècle, la
restauration du génie antique, fait don de cette traduction à l’université de Paris.
C’est du Calabrais Barlaam que Pétrarque apprit le grec, c’est grâce à ses leçons qu’il
put lire Hésiode et Euripide. Boccace, afin d’avoir toujours son maître sous la main,
faisait donner à un autre Calabrais, Léonce Pilate, une chaire de lettres grecques à
Florence; par lui, il connut Homère et Platon, du moins dans quelques-uns des dia-
logues.

Il avait donc été prodigieux ce labeur du moyen âge. Si la gloire du xve siècle
est d’avoir vulgarisé l’humanisme, la gloire du moyen âge est d’avoir tenu en hon-

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neur suprême ce qui lui était revenu de l’héritage de l’antiquité. Ce bien laissé
par les aïeux avait été singulièrement compromis par les catastrophes répétées des
invasions des barbares. Mais au milieu des cataclysmes qui bouleversaient le monde,
des fidèles à la religion du génie humain avaient sauvé pieusement les dieux du
passé.

Pendant que les Visigoths de Théodoric ravageaient le midi delà Gaule, où l’esprit
de Rome était resté si vivace, Sidoine Apollinaire, subissant le vainqueur en homme
qui espère dans les revanches do l’humanité, se consolait par les lettres de la bruta-
lité des temps. Le barbare menaçait les terres de son ami Ferréolus, de ce grand sei-
gneur dont la maison s’ouvrait à cette société mondaine aux goûts délicats, exilée
des villes. On jouait, on causait, on lisait. «Ailleurs, beaucoup de livres; tu dirais des
tablettes destinées aux ouvrages de grammaire, ou les degrés de l’Athénée, ou enfin
les armoires qui remplissent les boutiques de libraire. Tout est disposé de manière
que les tablettes des matrones contiennent des livres de piété et que les gradins sont
enrichis des plus beaux ouvrages de l’éloquence latine: aussi l’on y voit Augustin, Var-
ron, Horace et Prudence, hommes d’un savoir égal. » Le latin, avec les fleurs du beau
langage, et c’était là un des soucis de Sidoine, se flétrissait par l’incurie du peuple.
Il ne restait plus d’autre indice de la noblesse que la connaissance des lettres, mais
 
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