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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 5
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Palustre, Léon: Michel Colombe, [1]: les sculpteurs français de la Renaissance
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ouvrages de Colombe une statue et un bas-relief. La première, qui était en
terre cuite et représentait saint Maur, se voyait on ne sait où; quant au
second, au contraire, sa place dans l’église Saint-Saturnin est parfaitement
déterminée. Un contemporain, Thibault Lepleigney, en a laissé la descrip-
tion suivante, qui supplée dans une certaine mesure à l’absence de l’ori-
ginal : « Je ne veux pas oublier, dit-il, de faire mention du Trépassement
de la glorieuse vierge Marie, qui est le plus riche tableau (lisez retable)
qui soit en France. Il est tout de marbre et est estimé par les bons
maistres et ouvriers qui ont veu ledit tableau le mieulx fait qu’ilz aient
jamais veu ; car ledit tableau est fait selon le naturel, et diroit-on pro-
prement qu’il ne reste que la parolle tant les choses sont bien faictes.
Ledict tableau est tout painct d’or et d’azur ; celuy qui le fist s’appelloit
Michel Coulombe, estimé le plus savant de son art qui fust en chrestienté.
Ledict tableau est toujours ouvert aux bonnes festes et ne se montre
aultrement1. »

Lepleigney était donc frappé, comme nous le sommes nous-même, de
la vie extraordinaire que respirent les figures de Colombe. C’est par là
que le grand sculpteur se distingue surtout des imagiers du moyen âge.
Claux Sluter avait donné l’exemple, mais le maître assurément se trouve
dépassé. Ajoutons que la peinture dont il est question se bornait, sui-
vant une coutume empruntée par la Bourgogne aux Flandres, à quelques
ornements bleu et or semés à la bordure des vêtements. Leur but, sans
tomber précisément dans la polychromie, était de donner plus de chaleur
à la composition.

Quelle que soit l’importance du retable de Saint-Saturnin, Colombe
n’a dû lui consacrer qu’une bien petite partie du temps compris entre
les années 1480 et 1500. Aussi, à défaut de documents qui puissent ser-
vir de guide, serions-nous, au premier abord, tenté de voir s’il existe dans
l’ouest de la France quelque œuvre remarquable portant le cachet de
l’école de Tours. Mais le moment n’est pas venu de mettre, par exemple,
un nom sur le célèbre Ensevelissement du Christ qui est l’honneur de
l’église de Solesmes. Tout essai d’attribution nécessite, en effet, de longs
développements pour lesquels nous n’avons nulle place. Aux arguments,
en quelque sorte intrinsèques, c’est-à-dire tirés du monument lui-même,
qui répond à tout ce qu’on est en droit d’attendre au double point de vue
de l’arrangement et de l’exécution, il faudrait ajouter ceux résultant des
difficultés offertes en 1496 — cette date se lit sur un des pilastres de
l’encadrement — par la recherche d’un sculpteur capable d’exécuter

1. La Décoration du pays et duché de Touraine, etc., 1541, fol. 13.
 
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