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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0486

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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essentiel du paysage ou du fond vibrant, dans les compositions de tout
ordre.

11 apparaît de prime abord que ces trois faits dérivent du fait initial
que nous nommions : l’amour de la vie réelle; mais nos développements
ultérieurs en témoigneront sur chaque point.

J’ai déjà expliqué la raison du débordement des scènes de la vie
des basses classes. C’est affaire de démocratie et de manie démocratique.
Qu’on ne me soupçonne point, à cause de ces mots, de vouloir m’associer
à une théorie de parti : je relève simplement des faits et je note, sans
aucune arrière-pensée, les rapports qui existent entre notre état social et
le mouvement de nos arts. Le suffrage universel a frayé au plébéien
l’accès des honneurs publics : il a, du même coup, introduit l’influence
plébéienne dans les mœurs générales et dans les arts qui en sont l’ex-
pression individualisée. Des livres de fiction ou d’étude ont été consacrés
à l’existence, aux vertus, aux vices, aux grandeurs, aux petitesses des
gens d’en bas. En peinture, on a suivi d’autant mieux le même courant,
que la plupart des peintres sont de naissance commune et que, sincères
vis-à-vis d’eux-mêmes, ils ont plus de plaisir à rendre les pauvres qu’ils
connaissent que les grands qu’ils ont à deviner. En fait, le peuple n’est
pas seulement puissant : il est à la mode. 11 y a vingt ans, on se moquait
des Casseurs de pierres de Courbet et des paysans de Millet ; à l’heure
présente, tout est au paysan et à l’artisan. Un certain genre de sujets
populaires sentimentaux se vend couramment en France aussi bien qu’en
Amérique. Sous cette préoccupation, beaucoup s’ingénient à tourner le
malheur des pauvres en images de romances, comme le marquis de Mas-
carille eût mis l’histoire de France en madrigaux, et l’intégrité de la pro-
duction en reçoit une première atteinte. Ensuite, le vieil académisme,
battu en brèche d’un côté, espérant tout, de l’autre, d’un changement
de front, s’avise de reprendre en sous-œuvre, en la dénaturant, la
donnée réaliste. Nous ne voulons plus des nymphes et des héros calli-
graphiquement épurés : fort bien ! On poussera les jeunes gens à tra-
duire la nature de la manière abstraite de M. Puvis de Chavannes. Pour
moi, qui considère le peintre de la légende de sainte Geneviève comme
un très grand et très personnel artiste, je proteste de tout mon pouvoir
contre l’abus que l’on fait de ses procédés. On ne peut que se ravir des
vastes et délicieuses décorations de ce maître, mais elles sont le résultat
d’une opération de l’esprit particulière et exceptionnelle, et l’on y trouve
plus de charme pour l’œil que de pratique enseignement.

Quoi qu’il en soit, voici la vérité nue. Si M. Pioll, M. Bastien-Lepage,
M. Lhermitte et quelques autres, ne prenant conseil que d’eux-mêmes,
 
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