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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 6
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Courajod, Louis: La part de l'art italien dans quelques monuments de sculpture de la première Renaissance française, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0516

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Wh

I.

Le château de Gaillon, à la destruction duquel tant de fragments sculp-
tés ont survécu, présente un des plus curieux exemples de ce problème.
Personne ne peut douter du caractère absolument italien de la décoration
d’ensemble de cet édifice. Quelques mains françaises peuvent et doivent
avoir été employées, nous le savons par les comptes et par l’existence de
plusieurs parties décoratives dont la nationalité est bien évidente1 ; mais,
en exceptant le parti pris exclusivement français de la toiture et des
combles, c’est l’influence italienne qui, dans l’ornementation, dominait
presque partout. Des médaillons de marbre d’un style si incontestable-
ment italien avaient été encadrés dans des bordures de pierre composées
de guirlandes de fruits et de fleurs qu’on croirait moulées sur quelques
terres cuites émaillées par les délia Robbia. Plusieurs de ces bordures,
achetées par Lenoir au citoyen Prévost, en l’an IX, sont conservées à
l’École des Beaux-Arts. A Gaillon, il en reste une en place dont on peut
constater l’introduction dans un appareil différent sur une tourelle restée
debout et portant à sa base une décoration de style uniquement français.
Cette intercalation de pièces rapportées dans une façade, comme l’au-
raient été des morceaux de faïence, est un procédé de construction tout
italien. C’est là, sans doute, ce que nos ouvriers indigènes, à qui on
livrait des patrons et des modèles qu’ils savaient importés d’Italie, appe-
laient des travaux « à l’antique2, » justifiant, par leur foi trop absolue en
cette opinion, la soumission aveugle à laquelle ils étaient réduits vis-à-vis
des doctrines d’un art étranger.

1. A l’intérieur de la première cour, au-dessus de la porte d’entrée, les deux
anges qui occupent une niche ne sont pas de style italien, quoique les pilastres de
cette niche soient couverts d’arabesques italiennes. — La décoration extérieure des
pieds-droits des arcs de la loggia, aujourd’hui fermée et servant de réfectoire aux
prisonniers, est plutôt française avec ses anses de panier, ses chapiteaux et ses
colonnettes. — La grande fenêtre de la grosse tour opposée à celle de la chapelle est
de goût français. — Le dessous de l’ancienne chapelle, servant actuellement au service
religieux, n’a rien de purement italien.

2. Dans l’esprit môme des artistes français les plus éclairés, le mot antique et le
mot italien se confondaient alors ou étaient presque synonymes. On lit dans une
lettre de Jean Perréal à Louis Barangier, secrétaire de Marguerite d’Autriche, à la date
de Joli, à propos du tombeau du duc de Bretagne, à Nantes: « Michel Coulombe
besongnoit au moiz et avoitpour moiz XX escus l’espace de cinq ans; il y avoit deux
tailleurs de massonnerie entique italiens qui avoient chacun VIII escus par moiz,
l’espace de sine ans, etc. » (Benjamin Fillon, Poitou et Vendée; œuvres de Michel
Colombe, exécutées pour le Poitou, l’Àunis et le pays nantais, p. 10 et 13.)
 
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