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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 6
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Palustre, Léon: Michel Colombe, 2: les sculpteurs français de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0549

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526

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

A ce sujet il est peut-être bon de rappeler l’erreur dans laquelle
tout le monde vivait à Nantes, il y a peu de semaines encore. On était
persuadé que, derrière une boiserie de la chapelle Saint-Clairl 2, à la
cathédrale, on retrouverait intacte, le jour où l'on voudrait s’en donner la
peine, une œuvre de Michel Colombe. Car Guépiu dans son Histoire de
Nantes2 en avait menti lorsqu’il s’était permis d’affirmer que la statue de
Guillaume Guéguen, le prélat favori de la reine Anne, volée d’abord
en 93, puis brisée et vendue par morceaux plusieurs années après, n’exis-
tait plus depuis longtemps 3. Des vieillards, disait-on, l’avaient vue dans
leur jeunesse, c’est-à-dire au début du règne de Louis-Philippe, lorsque
la malencontreuse boiserie était encore dans l’atelier de menuiserie d’où elle
n’eût jamais dû sortir. Même on répétait que, postérieurement, certains
privilégiés, grâce à l’heureuse invention d’un panneau à coulisse, s’étaient
trouvés à même de constater que la statue en question avait peu souffert
des injures du temps et des hommes.

Quelque rassurantes que parussent ces assertions, elles étaient loin
de nous satisfaire. Aussi prîmes-nous la résolution de tenter toutes les
démarches possibles pour arriver à voir de nos propres yeux et dans de
meilleures conditions que nos devanciers. C’est ce qui eut lieu le 15 dé-
cembre 1883, jour où la triste décoration en pseudo-gothique imaginée
par nous ne savons quel architecte, enlevée enfin sur une longueur de
plusieurs mètres, laissa apparaître en son entier le tombeau de Guillaume
Guéguen4. A proprement parler, la partie architecturale se présentait dans
un état de conservation peu commune. Même nous avions la surprise de
contempler, sur les côtés, des colonnes semi-hexagonales, chargées d’ara-
besques du travail le plus fin, qui ne figurent pas dans le dessin
hâtivement fait par Gaignères5. La perte des écussons semés un peu
partout et la mutilation de la frise supérieure se trouvaient donc ainsi
largement compensées6. Quant à l’inscription sur lame de cuivre

1. Autrefois chapelle de la Madeleine.

2. 2e édition, 1839, p. 185.

3. Dans une lettre de Michelle de Saubonne, dame d’honneur de la reine Anne, il
est recommandé de a fere fere payement des soisente quatre escuz souleil, deuz de la
sépulture messire Guillaume Gueguen à Michel Coulombe de Tours, qui ne sont en-
cores paiez ». Celte lettre est de 1509 ou 1510. B. Fillon, Documentsetc., p. 18.

4. Nous avons grandement été aidé dans la circonstance par M. Gabriel Révérend,
jeune architecte de Nantes, et M. l’abbé Bruneau, custode de la cathédrale. Qu’ils re-
çoivent ici, l’un et l’autre, tous nos remerciements.

5. Bibliothèque nationale, Cabinet des estampes, vol. VIII, folio 163.

6. Guillaume Guéguen portait : d'argent à un arbre de sinople, au franc quar-
tier d hermines chargé de deux haches adossées de sinople.
 
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