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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 1
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Marx, Roger: Les salons de 1895, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0039

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fanées, et s’il vient à peindre la façade du château fastueux, il confes-
sera la pierre des architectures comme la soie des mobiliers et, cette
fois encore, il saura traduire par le matériel le moral, par l’usure
des siècles le drame de l’iiistoire.

« Tant que la tête se portera bien, écrivait le vieux Poussin, quoique
la servante soit débile, il faudra que celle-ci observe les meilleures
et les plus excellentes parties de l’art, qui sont du domaine de
l’autre. » De main débile il n’est point question avec M. Vollon, mais
la verte robustesse de sa volonté reste, en dépit des années, com-
parable à celle de notre Poussin. Ses natures mortes ne trouvent
pas à plaire sans réserves ; non pas que le genre soit subalterne ; il
y aura toujours de la gloire pour ceux qui exprimeront, comme
M. Chrétien ou Mme Guérard-Gonzalès, la vie latente, « les larmes »
des choses ; en revanche, M. Vollon triomphe dans l'Intérieur de Saint-
Prix, ce tranquille refuge offert aux oraisons par l’humble église de
village presque déserte et toute baignée de la claire lumière filtrée
d’une après-midi d’été. La rencontre d’une œuvre si parfaite ravit ;
elle console de bien des déconvenues ; elle provoque aussi l’étonne-
ment de l’oubli dans lequel la jeunesse d’à présent tient M Vollon.
D’ailleurs, dans l’encombrement des Salons, une révolte vous saisit
contre l'usurpation des renommées, contre cette fausse célébrité
acquise aux dépens d’inaperçus ou d’incompris, de M. Quost, chef
d’école, rénovateur du genre floresque, créateur d’une interprétation
libre, décorative et logique de la plante, de M. Méry surtout, —
Méry, le peintre de l’oiseau et de l’insecte, « de l’infini vivant», le
peintre de la basse-cour et des singes, Méry le doux moraliste si
alarmé par la vie aventureuse de nos « frères inférieurs » et qui
témoigne à leur endroit une tendresse à la Michelet, la compassion
d’une âme meurtrie et navrée, Méry dont les gouaches revêtent la cou-
leur grise de la tristesse qui les inspire, Méry qui s’éteint paralysé,
misérable, frustré de tous honneurs, sans que nul se doute qu’avec
lui va disparaître le plus extraordinaire aquarelliste-animalier
qu’ait, depuis Barye, compté l’école française.

ROGER MARX.

(La fin prochainement.)
 
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