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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 2
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 5 [= 8], Du second Empire jusqu'à nos jours
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0157

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142

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

'Me voilà sur un terrain trop brûlant pour m'y risquer longtemps ;
la miniature est, pour l’instant, victime des procédés mécaniques,
comme elle avait eu à lutter autrefois contre le physionotrace de
Quenedey et de Chrétien. Elle demande trop d’aide à la photographie,
ce qui laisse entrevoir, sous ses polychromies, tout le laisser-aller
des besognes faciles et inglorieuses. En ces dernières années, nous
eûmes encore Charles Camino1, dont la phrase courante gardait cer-
taines expressions traditionnelles; mais il lui manquait un peu de
l’esprit qui anime une physionomie et consacre son caractère. Sur le
fait de la technique. Camino se jugeait en possession d’un secret, en
massant d’abord ses teintes neutres sur les visages, ce qui permettait,
pour l’achèvement, une série d’apports nouveaux, de teintes résolues,
et définitives. Au fond, ceci venait de Mme de Mirbel, qui le tenait
peut-être de Bourgeois. Quant au reste, Camino dédaignait les poin-
tillés anciens, lavant à pleine eau son ivoire comme un papier d’aqua-
relle. Et puis il connaissait la théorie des complémentaires, il en
discutait volontiers les conséquences avec ses nombreuses élèves.
Pour arriver à la grande réputation, il lui manqua une chose essen-
tielle, le chic, si j’ose dire, ce mode particulier d’entendre unetoilette,
de camper coquettement un modèle, de faire œuvre séduisante et
parisienne. En vérité, cette qualité n’est pas chez les miniaturistes
contemporains; ils ont de la science souvent, une couleur amusante,
des trouvailles lumineuses et le terme pétillant; la phrase capiteuse
les fuit malignement. Or, si ce qu’ils nous montrent n’a point l’imper-
ceptible nuance qui distingue l’œuvre d’art d’une photographie, c’est
cette dernière qui prime pour la ressemblance brutale.

A l’heure actuelle, on soupçonne quelque antagonisme entre les
adeptes de cet art; plusieurs en sont à l’aquarelle, quand d’autres en
restent à la tradition du pointillé. Il importe peu, si les résultats va-
lent. MllePomey, une des personnes lesmieux douées dans la nouvelle
école, me parait tenir aux anciens; ce qui l’a distinguée, ce sont ses
façons de dire, et quelques figures spirituellement traitées. Pareille
remarque se peut faire de Mlle Baily, plutôt orientée vers l’aquarelle.
Malgré tout, il faudrait se garder de croire que le petit ivoire mes-
quin pût résister à tous les caprices. Les tendances modernes,

1. Charles Camino, né à Sainl-Étienne en 1824, mort en 1887.
 
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