COURRIER DE L’ART ANTIQUE.
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la Grèce, il existait quantité de légendes locales, analogues à nos Vies des
Saints, desquelles nous ne savons presque rien, niais qui étaient aussi familières
aux habitants de chaque bourg que celle de saint Martial aux Limousins
d’aujourd'hui. Nos musées, formés en grande partie d’objets sans provenance
attestée, sont remplis de bas-reliefs et de statues que nous nous ingénions à
expliquer ou à dénommer en faisant appel aux textes littéraires qui nous
restent; très souvent, nos explications sont si forcées que nous y croyons à
peine en les débitant; ne serait-il pas plus simple de confesser en ce cas
notre ignorance, d’autant plus excusable qu’une faible partie seulement du
folk-lore antique nous a été conservée par les auteurs? Il en est de même,
et à plus forte raison, lorsqu’il s’agit des peintures de vases, œuvres plus
TÈTE D’UNE MÉTOPE DU TEMPLE DE HÉRA A ARGOS.
(Musée d'Athènes.)
populaires encore que les bas-reliefs. Loin d’appliquer de force nos textes aux
monuments, il faudrait souvent chercher dans les monuments ce que nous
n’apprenons pas dans les textes. On reconstituerait ainsi des histoires dont les
héros garderaient l’anonyme jusqu’à la découverte heureused’une inscription.
Le type des chevaux, dans le bas-relief de Phalère, est encore celui du
Parthénon; personnages et animaux rappellent aussi ceux du sarcophage dit
lycien de Sidon, que nos lecteurs n’ont pas oublié 1. Il y a là, je crois, une
intéressante confirmation de la théorie qui attribue ce sarcophage à l’école
attique. L’analogie est de celles qu’on ne peut mettre au compte du hasard.
C’est encore le même cheval un peu ramassé, à la crinière droite et
courte, que nous montre un bas-relief admirable, ornement d’une boîte de
miroir découverte en 1891 à Érétrie et conservée au Musée national
1. Gazette des Beaux-Arts, 3e période, t. Adì, p. 89.
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la Grèce, il existait quantité de légendes locales, analogues à nos Vies des
Saints, desquelles nous ne savons presque rien, niais qui étaient aussi familières
aux habitants de chaque bourg que celle de saint Martial aux Limousins
d’aujourd'hui. Nos musées, formés en grande partie d’objets sans provenance
attestée, sont remplis de bas-reliefs et de statues que nous nous ingénions à
expliquer ou à dénommer en faisant appel aux textes littéraires qui nous
restent; très souvent, nos explications sont si forcées que nous y croyons à
peine en les débitant; ne serait-il pas plus simple de confesser en ce cas
notre ignorance, d’autant plus excusable qu’une faible partie seulement du
folk-lore antique nous a été conservée par les auteurs? Il en est de même,
et à plus forte raison, lorsqu’il s’agit des peintures de vases, œuvres plus
TÈTE D’UNE MÉTOPE DU TEMPLE DE HÉRA A ARGOS.
(Musée d'Athènes.)
populaires encore que les bas-reliefs. Loin d’appliquer de force nos textes aux
monuments, il faudrait souvent chercher dans les monuments ce que nous
n’apprenons pas dans les textes. On reconstituerait ainsi des histoires dont les
héros garderaient l’anonyme jusqu’à la découverte heureused’une inscription.
Le type des chevaux, dans le bas-relief de Phalère, est encore celui du
Parthénon; personnages et animaux rappellent aussi ceux du sarcophage dit
lycien de Sidon, que nos lecteurs n’ont pas oublié 1. Il y a là, je crois, une
intéressante confirmation de la théorie qui attribue ce sarcophage à l’école
attique. L’analogie est de celles qu’on ne peut mettre au compte du hasard.
C’est encore le même cheval un peu ramassé, à la crinière droite et
courte, que nous montre un bas-relief admirable, ornement d’une boîte de
miroir découverte en 1891 à Érétrie et conservée au Musée national
1. Gazette des Beaux-Arts, 3e période, t. Adì, p. 89.