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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0190

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.

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Incontestablement, un progrès se manifeste en Belgique en ce qui concerne la
conservation des monuments d’architecture du passé. On a même constitué, il y a
peu d’années, une « Sociélé nationale pour la protection des sites et des momi-
menls ». Celte société a son siège à Bruxelles. Elle a fait paraître une circulaire
excellente, dont un extrait mérite d’être mis sous les yeux du lecteur. S’adressant
aux ouvriers maçons, la circulaire dit : «... En déplaçant un ouvrage brisé ou
délabré, ne détruisez que ce qui a tout a fait perdu sa forme primitive. Il est
préférable d’avoir l’ouvrage original, fùt-il brisé ou délabré, que l'œuvre neuve
la plus parfaite et la plus habilement exécutée. Évitez spécialement l’usage d’une
brosse à couleur pour harmoniser les teintes du vieux et du neuf. Le vieux doit
être conserve dans sa teinte caractéristique et nulle tentative ne doit être faite
pour uniformiser celte teinte avec d’autres. Ne déplacez et ne nettoyez jamais les
vieilles surfaces moussues. La plus scrupuleuse exactitude doit être apportée à la
constatation des détails, moulures ou ornements, en vue des parties nouvelles à y
ajouter, les morceaux les plus délicats étant d’ordinaire les moins bien conservés. »
Aux palrons et ouvriers en général, la circulaire s’adresse en ces termes : « N’ou-
bliez jamais que la réparation d’un vestige d’ancienne architecture, si peu
important qu’il soit, est une œuvre à exécuter d’une façon tout à fait différente de
la confection d'un travail nouveau ou la modification d’une construction nouvelle.
Le but n’est pas simplement de remettre l’ouvrage en bon état, mais de préserver
et de conserver un spécimen authentique des anciens arts du pays. Tout bâtiment
ancien a sa valeur historique, et même si vous croyez, à première vue, que
son état exige sa réédification, ou que vous pensiez le reconstruire plus facilement
en entier, n’oubliez pas que toute sa valeur disparaît quand son authenticité
n’est plus évidente. Notre devoir est non pas la réédification, mais la conservation.
Prenez donc garde de ne point condamner à la légère un spécimen de l'art
ancien, sous prétexte qu’il est hors d’état d’être maintenu. La destruction de toute
œuvre ancienne constitue une perte nationale. »

A Anvers également, un comité vient de se former avec mission de veiller à la
conservation des monuments locaux.

Seulement, il manque toujours à la Belgique un texte de loi qui autorise
l’expropriation pour cause d’utilité publique des immeubles ayant une valeur d'art
ou d’histoire digne d’assurer leur conservation. Jusqu’ici le possesseur est toujours
libre d’en disposer à son gré. C’est ainsi que des propriétaires de maisons de la
Grand’Place, à Bruxelles, s’opposent à la restauration de leur façade, même entre-
prise aux frais de l’administration.

On va mettre sérieusement la main aux travaux de consolidation des ruines de
l’abbaye de Villers, travail entrepris par l’État. Au cours des fouilles, on a mis
la main sur un ensemble d’objets de haute valeur historique, notamment un lot
de fragments d’ardoises portant des inscriptions dont le déchiffrement a été confié
au conservateur des manuscrits de la Bibliothèque royale, M. Ouverleaux. Il
résulte de l’examen auquel s’est livré ce savant que ces ardoises, dont le style est
du xiii" siècle, portent des instructions aux moines, surtout pour la sonnerie des
cloches. 11 y a aussi des reproductions de certains passages d’auteurs du moyen
âge. Ces documents curieux ont été déposés à la Bibliothèque royale. Les objets de
pareille nature sont nécessairement fort rares.

A signaler aux intéressés, après un intervalle de cinq ans, la réapparition du
 
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