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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 3
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Buisson, Jules: Jean-Baptiste Tiepolo et Dominique Tiepolo, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0193

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178

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

bibliographie : c’est le moule contemporain. M. Henry de Chennevières
y a ajouté des reproductions très intéressantes et choisies avec dis-
cernement, et c’est d’après les bonnes feuilles de son ouvrage, tout
près de paraître, cjue nous pouvons en parler.

Très connus et très appréciés de leur temps en Italie, en Espagne
et même en Allemagne, les Tiepolo, sur la fin du xviue siècle et
jusques au quart du xixe, n’avaient guère pénétré dans les points de
vue et les modes de la France, alors emprisonnée dans sa propre
peinture.

Mais, à peu près vers le temps où nos écrivains et nos poètes,
émancipés de nos formules étroites, familiers avec les grands
hommes d’Angleterre et d’Allemagne, qui semblaient le plus étran-
gers à notre génie, recherchaient avec passion, dans notre vieille
littérature, les irréguliers brillants, les révoltés, les originaux
oubliés ou méconnus, les Saint-Amant, docteur en langage bur-
lesque, les Théophile de Yiau, les Cyrano de Bergerac, nos peintres
découvrirent ou crurent découvrir les Tiepolo. On se souvient des
préfaces enflammées sur le mélange, dans le drame, du grotesque et
du sublime. Il y a tel tableau de Jean-Baptiste Tiepolo qui rentre
exactement dans ce cadre romantique.

Romantique, Eugène Delacroix ne l’était certes pas. C’est pour-
tant lui qui dégusta, Tun des premiers, à travers le clignotement de
ses yeux experts à savourer la couleur et la lumière, l’originalité
des deux Vénitiens. Il avait été si frappé des eaux-fortes de Jean-
Baptiste, rapportées d’Espagne par un sien ami en même temps que
les Caprices de Goya, que l’influence de ces deux hommes peut être
signalée, à ce moment, dans son œuvre. Celle de Tiepolo, en parti-
culier, est évidente dans les illustrations d'Hamlet, comme celle de
Goya est manifeste dans les illustrations de Faust. Les accoutre-
ments, les bonnets de fourrure, les personnages énigmatiques des
Scherzi di fantasia, le goût de la composition ont fait sur lui une vive
impression. Delacroix ne copiait pas, cela va sans dire, mais il
s’imprégnait et l'avouait hautement, comme tous les hommes de
génie, qui sont des réflecteurs infiniment plus sensibles, mais aussi
plus lumineux que le reste des hommes. Ils rendent, d’ailleurs, plus
qu’ils ne reçoivent.

C’est par Delacroix que j’ai fait connaissance avec les Tiepolo, par
l’intermédiaire d’Edmond Hédouin, vers 1845. C’est à ce moment
que je suis devenu un de leurs dévots.

On trouvait alors, aux étalages des marchands d’estampes de
 
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