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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 3
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Nolhac, Pierre de: La décoration de Versailles au XVIIIe siècle, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0247

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230

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sont décorés d’instruments de musique : violon avec son archet, cor-
nemuse, mandoline, flûtes, clarinettes, tambour de basque et casta-
gnettes; des cahiers de musique accompagnent ces objets très soigneu-
sement étudiés dans leur forme par le sculpteur, qui a eu évidemment
à la pensée les goûts de Madame Adélaïde 1. Il a mis d’accord ses nou-
veaux travaux avec les anciens, pas assez cependant pour qu’on ne
puisse sentir que le temps a marché et que, à une distance d’une quin-
zaine d’année, le sculpteur a modifié sa manière. Les grands panneaux
du salon de musique, faits en 1767, sont les dernières œuvres que je
puisse signaler de Yerberckt àVersailles; il est mort d’ailleurs en 1771.

Il convient de dire un mot en terminant des obscena qu’on prétend
exister au château de Versailles et que Louis XV aurait fait mettre
dans l’appartement de Madame Adélaïde. Cette légende s’est établie au
sujet du Salon des porcelaines. Les chroniqueurs, qui n’ont pas
craint de broder leurs fantaisies sur de prétendues relations cou-
pables du roi et de sa fille, ont trouvé dans les boiseries de ce salon
des indices précieux à recueillir des excès de dépravation de
Louis XV. Quelque récente que fût la tradition (car aucune allusion
n’y est faite au xvme siècle, même dans les pamphlets les plus
immondes), elle a promptement fait son chemin; et à l’heure actuelle
beaucoup de curieux demandent à voir les mystérieuses boiseries,
où se cache un témoignage aussi concluant du cynisme royal.

Voici la vérité, que nous apprennent les plans et l’examen du
remaniement des boiseries. Tout d’abord, comme on l’a vu plus haut,
la salle à manger de Madame Adélaïde n’avait pas la forme de celle
où des yeux bien exercés ont deviné dans quatre coquilles des inten-
tions particulières. Cette pièce était longue et celle que nous avons
est carrée; Louis XV la fit faire après le départ de sa fille, pour
recevoir plus de monde à ses soupers. Sous Louis XVI, la pièce
remplit continuellement le même usage, et il faudrait penser que ce
roi eût toléré des sculptures équivoques en un lieu presque public. Il
est en outre certain que nous n’avons pas sous les yeux la salle à
manger royale telle que la Révolution Ta trouvée. Les voussures et
peut-être les chambranles des fenêtres, les panneaux à côté de la

1. Il faut tout dire : une partie de ces deux panneaux a été moulée, il y a
quelques années, pour le Musée des Arts décoratifs. La dorure, restée jusque-là
intacte, a été à demi emportée par cette opération, faite sans soin et sans con-
trôle, et qui s'estrépétée ailleurs dans le château. 11 est triste que, sous un prétexte
d’art, on ait souillé, mutilé ces merveilles.
 
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