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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 3
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Pigeon, Amédée: Un vitrail de la cathédrale de Beauvais représentant la vie de Saint Martin de Tours
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0251

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234

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Beauvais même, comme une des grandes villes du Vexin et une des plus impor.
tantes places de guerre dans ces temps difficiles, était initiée depuis de longues
années au culte du grand saint, cl lui avait consacré mieux qu'un vitrail : une église
tout entière, située dans le quartier où se trouve encore aujourd’hui la rue Saint-
Martin, à Beauvais. M. Victor Thuillier, membre de la Société académique de l'Oise,
et Tun des meilleurs archéologues du département, nous dit dans son étude sur
Beauvais en -1789 1 :

« Eglise Saint-Martin. Elle se trouvait entre le placeau Saint-Martin et la rue du
même nom. Ea façade était sur le placeau; elle datait du xiv6 siècle et remplaçait
une autre église qui, fat détruite lors du grand incendie de 1180. La porte principale
sur le placeau était en plein cintre et surmontée d’une statue de saint Martin; deux
tourelles pentagones flanquaient le portail. Le clocher était au centre de l’église,
qui fut démolie en 1796. La circonscription de cette paroisse était peu importante
et limitée par la rue des Flageots, la grande rue Saint-Martin; les rues des Gadoues,
de la Porte-Dorée, de là à l’impasse Filassier (impasse du Petit-Thérain) et longeait
la rivière jusques et y compris la rue des Trois-Cuirets. Un petit cimetière était
contigu à l'église. »

Beauvais ayant donc depuis longtemps déjà son culte de saint Martin de Tours
et son église Saint-Martin, il était tout naturel que la cathédrale, chargée de résumer
cl de concentrer sous ses voûtes tous les sentiments pieux de la contrée, fil une
place au saint de Tours sur ses verrières.

Tours et Beauvais se connaissaient de longue date et pouvaient, devaient même
avoir dans ces temps lointains des rapports de piété et d’amitié.

Il fallait, en même temps que l’on commençait à orner les chapelles, faire un choix
parmi les légendes, et aucune n’était plus propre à frapper l’imagination populaire,
déjà séduite et habituée aux miracles, que celle du saint qui avait brûlé tant de
temples païens et construit tant de monastères, tant d’églises.

Puisque Beauvais, en bâtissant le plus beau chœur qui existe dans la France tout
entière, s'affirmait comme ville particulièrement pieuse et sainte, elle devait appeler
chez elle cl dans sa cathédrale même le plus grand saint de France, saint Martin.
Une autre raison devait militer en faveur de cette légende : elle était populaire
d’abord, elle était ensuite merveilleuse comme un conte de fées et, par là, tout à
fait appropriée à l’esprit de ceux qui avaient cru, comme Villon, au diable et à la
légende du clerc Theophilus :

A votre Fils dites que je suis sienne;

Que de lui soient mes péchés absolus :

Pardonnez-moi comme à l’Egyptienne,

Ou comme il lit au clerc Theophilus ..

La vie de saint Martin est remplie par les exploits du diable, qui se déguise à
tout moment en malade ou en démoniaque pour surprendre le saint et l'induire en
tentation. Quand on relit la courte biographie de saint Martin par Sulpice Sévère,
et les lettres de Sulpice, oû le nom de l’évêque revient sans cesse, on découvre vite
que l’idée dominante du disciple a été de montrer les victoires de son maître sur
Satan, son perpétuel ennemi. Satan et saint Martin sont sans cesse opposes et mis

1. Beauvais. Imprimerie D. Père. A. Cartier, gérant, 1890.
 
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