LES ARTS A LA COUR DU DUC DE BERRY.
263
tion dans celle cathédrale de sa chapelle funéraire et par d’importants agrandis-
semenls opérés aux châteaux de Gien, d’Étampes, etc Montargis, de Dourdan, de
Boulogne-sur-Mer et à l'hòtel de la Grange-aux-Merciers à Bercy.
L’honneur d'avoir conçu et dirigé un ensemble de travaux si considérable
revient aux deux frères Guy et Dreux de Dammarlin et il Jean Guërart, maîtres
généraux des œuvres du prince : le premier, de 1363 environ à 1398, date de sa
mori ; le second, de 1398 jusqu’à son décès (1413) ; le troisième, leur élève et depuis
longtemps leur utile auxiliaire, de 1413 à 1416. A ces trois architectes de haut
mérite, il est justice d’adjoindre les noms de leurs principaux collaborateurs : le
« maître maçon » Pierre Juglar et les maîtres des œuvres de charpenterie Colin de
Villars, Jean Macé et Guillaume de Marcilly. Ajoutons que les frères Dammartin
avaient été antérieurement employés par Charles V, lors de la construction du
Louvre, et que le plus jeune exerça, en titre au moins, de 1384 à 1398, les fonc-
tions de maître général des œuvres de maçonnerie du duc de Bourgogne.
On ne peul douter du soin qu’apporta Jean de Berry à choisir les artistes chargés
d’exécuter la décoration sculpturale de ses palais, de ses châteaux et de ses cha-
pelles, quand on voit attachés à son service, comme « imagiers », Jacques de
Chartres (Jacques Collet), 1370-1380, le célèbre André Beauneveu, 1384-1402, et
Jean de Cambray (Jean de Rupy), 1387-1416. Malheureusement, les épaves d'ar-
chives échappées à la destruction ne peuvent fournir sur leurs œuvres que des
informations sommaires et très incomplètes.
Pour les peintres, la perte des documents nous prive aussi de tout ce qu'il
importerait de savoir. Quelques mentions éparses et sans grand intérêt, retrou-
vées à force de recherches, concernent les peintres officiels du duc : Etienne Lan-
nelier (1369-1391), Guillemin Deschamps (1374-75), Bose (1401), Michelet Saumon
(1401-1415), Jean d’Orléans (1404-1416), peintre en même temps du roi, et Mile Le
Cavelier (1414-1416), Bien là de caractéristique pour l'histoire de l’art. Un texte
d’une tout autre valeur serait le marché passé avec des peintres italiens, à la fin du
xive siècle, pour l’ornementation du château de Nonette, marché qui, d’après un
renseignement communiqué à M. de Champeaux, aurait jadis été copié dans un
manuscrit de la Bibliothèque nationale; mais si cette indication est exacte, le
précieux contrat s’est dérobé jusqu’ici à toutes les investigations.
Plus rares et plus insignifiants encore apparaissent dans les comptes qui nous
restent les passages relatifs aux admirables verrières dont le duc avait partout
orné les baies de ses chapelles et de ses palais. De leur exécution, de leurs auteurs,
nous ignorons tout et, probablement, l’on n’en saura jamais davantage. Trois ou
quatre noms de verriers aux gages du prince sont la mince pâture offerte à notre
curiosité : Henry Lancien (1384), le même, peut-être, que le Henryet de Comines
de 1408; Berthaud Tarin, 14C1-1402 (il avait travaillé au Louvre en 1363); Milet,
vers 1403, en qui il est présumable de reconnaître le peintre Mile Le Cavelier
signalé plus haut.
Nous avons déjà dit quelques mots de la célèbre « librairie » ducale ; cependant,
si hâtive que soit notre revue, il faut nous arrêter encore un instant aux enlumi-
neurs chargés d’en enrichir les manuscrits sans rivaux. Ces artistes ont fourni à
MM. de Champeaux et Gauchery un de leurs chapitres les plus nourris et les plus
intéressants.
Parmi les nombreux peintres-miniaturistes employés par Jean de Berry et dont
263
tion dans celle cathédrale de sa chapelle funéraire et par d’importants agrandis-
semenls opérés aux châteaux de Gien, d’Étampes, etc Montargis, de Dourdan, de
Boulogne-sur-Mer et à l'hòtel de la Grange-aux-Merciers à Bercy.
L’honneur d'avoir conçu et dirigé un ensemble de travaux si considérable
revient aux deux frères Guy et Dreux de Dammarlin et il Jean Guërart, maîtres
généraux des œuvres du prince : le premier, de 1363 environ à 1398, date de sa
mori ; le second, de 1398 jusqu’à son décès (1413) ; le troisième, leur élève et depuis
longtemps leur utile auxiliaire, de 1413 à 1416. A ces trois architectes de haut
mérite, il est justice d’adjoindre les noms de leurs principaux collaborateurs : le
« maître maçon » Pierre Juglar et les maîtres des œuvres de charpenterie Colin de
Villars, Jean Macé et Guillaume de Marcilly. Ajoutons que les frères Dammartin
avaient été antérieurement employés par Charles V, lors de la construction du
Louvre, et que le plus jeune exerça, en titre au moins, de 1384 à 1398, les fonc-
tions de maître général des œuvres de maçonnerie du duc de Bourgogne.
On ne peul douter du soin qu’apporta Jean de Berry à choisir les artistes chargés
d’exécuter la décoration sculpturale de ses palais, de ses châteaux et de ses cha-
pelles, quand on voit attachés à son service, comme « imagiers », Jacques de
Chartres (Jacques Collet), 1370-1380, le célèbre André Beauneveu, 1384-1402, et
Jean de Cambray (Jean de Rupy), 1387-1416. Malheureusement, les épaves d'ar-
chives échappées à la destruction ne peuvent fournir sur leurs œuvres que des
informations sommaires et très incomplètes.
Pour les peintres, la perte des documents nous prive aussi de tout ce qu'il
importerait de savoir. Quelques mentions éparses et sans grand intérêt, retrou-
vées à force de recherches, concernent les peintres officiels du duc : Etienne Lan-
nelier (1369-1391), Guillemin Deschamps (1374-75), Bose (1401), Michelet Saumon
(1401-1415), Jean d’Orléans (1404-1416), peintre en même temps du roi, et Mile Le
Cavelier (1414-1416), Bien là de caractéristique pour l'histoire de l’art. Un texte
d’une tout autre valeur serait le marché passé avec des peintres italiens, à la fin du
xive siècle, pour l’ornementation du château de Nonette, marché qui, d’après un
renseignement communiqué à M. de Champeaux, aurait jadis été copié dans un
manuscrit de la Bibliothèque nationale; mais si cette indication est exacte, le
précieux contrat s’est dérobé jusqu’ici à toutes les investigations.
Plus rares et plus insignifiants encore apparaissent dans les comptes qui nous
restent les passages relatifs aux admirables verrières dont le duc avait partout
orné les baies de ses chapelles et de ses palais. De leur exécution, de leurs auteurs,
nous ignorons tout et, probablement, l’on n’en saura jamais davantage. Trois ou
quatre noms de verriers aux gages du prince sont la mince pâture offerte à notre
curiosité : Henry Lancien (1384), le même, peut-être, que le Henryet de Comines
de 1408; Berthaud Tarin, 14C1-1402 (il avait travaillé au Louvre en 1363); Milet,
vers 1403, en qui il est présumable de reconnaître le peintre Mile Le Cavelier
signalé plus haut.
Nous avons déjà dit quelques mots de la célèbre « librairie » ducale ; cependant,
si hâtive que soit notre revue, il faut nous arrêter encore un instant aux enlumi-
neurs chargés d’en enrichir les manuscrits sans rivaux. Ces artistes ont fourni à
MM. de Champeaux et Gauchery un de leurs chapitres les plus nourris et les plus
intéressants.
Parmi les nombreux peintres-miniaturistes employés par Jean de Berry et dont