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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 4
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Maulde la Clavière, Marie Alphonse Réne de: Jean Perréal dit Jean de Paris, [1]: sa vie et son œuvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0293

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274

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lyonnais. Le 5 décembre 1496, Charles VIII fit célébrer un service
funèbre en l’honneur du comte de Montpensier : nous avons
retrouvé le compte de ce service ; on y voit que Perréal participa à
l’honneur rendu à un Bourbon, mais pour une part très modeste, en
noircissant les parties blanches des murs, besogne pour laquelle il
reçut 12 sous 6 deniers! C’est même un peintre lyonnais peu connu,
Jean Boute ou Bonté, qui peignit les écussons1. Perréal n’était donc
pas encore peintre du roi.

Par-bonheur pour lui, le duc et la duchesse de Bourbon repre-
naient à la cour une influence chaque jour plus grande. Nous croyons
que le duc de Bourbon commanda alors à son favori une œuvre ex-
quise dont nous parlerons plus loin et qui devait attirer la faveur du
monarque. Perréal, grâce à cette haute bienveillance, se trouve tout
d’un coup hors de pair. C’est probablement lui qui obtint, dès le mois
de décembre 1496, l’ordonnance royale qui confirmait les statuts des
peintres de Lyon, puisque son nom ligure le premier sur la liste des
bénéficiaires. Il entra à la cour en 1497, et VHeptaméron, générale
ment fort exact dans ses récits, raconte 2 que, pour ses débuts, le
roi l’envoya en Allemagne faire le portrait d’une beauté célèbre.
Ainsi Perréal devait sa faveur à un talent de portraitiste.

Louis XII le garda, avec Bourdichon, l’ancien peintre de Louis XI,
parmi les « valets de chambre », c’est-à-dire parmi les gentilshommes,
et tous deux sur le même rang; cependant, Bourdichon conservait
les besognes d’enluminure et les travaux secondaires, tandis que
Perréal semble planer dans l’art du dessin et du portrait et tient le
haut bout. Nous nous apercevons immédiatement de sa faveur. Au
lieu du petit hôtel qu’il louait à un certain Pierre de la Bastide, rue
Buisson ou rue de la Gerbe à Lyon, et qui lui valait 25 sous d’impôt,
Perréal s’achète, dès 1499, un hôtel dans une rue nouvellement percée ;
il achète en même temps, près de N.-D. de Confort, une « vigne », ce
desideratum de tous les artistes d’alors (Ludovic le More venait aussi,
à Milan, de gratifier d’une vigne Léonard de Yinci). Une des grandes
passions de Perréal fut toujours -de lutter contre les impôts; les
artistes n’en payaient point à Bourges 3, et Perréal apportait à Lyon

1. Bibliothèque nat.. Ms. il·. 1193, f° il v° : « A Jehan de Paris, painlre
demourant il Lyon, pour avoir renoircy ladite drappello ardant es lieux ou elle
avoit esté rabillée, pour cecy la somme de douze solz six deniers ».

2. Nouvelle 32<\ iv' journée; récit confirmé par Brantôme.

3. En vertu d'une ordonnance du 13 janvier 1430.
 
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