DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Preux, Baron de: Houdon dans son atelier: par Boilly
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0327
306
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
temps, le Petit marchand de journaux*, qui n’a été séduit par
cette délicieuse Incroyable? Ce que nous offrons aujourd’hui, à notre
tour, saisit à la fois les yeux et l’esprit. Boilly, de soir pinceau
spirituel et lin, a caractérisé son époque. D’une nature aimante et
bienveillante (rara aris !), il reproduisait volontiers le portrait
de ses amis, des illustrations du temps. Où les prendre mieux sur
le vif que dans leur atelier, peignant, sculptant à côté de leurs
élèves? Ainsi Boilly nous montre Isabey â, ainsi nous dépeint-il
Houdon. Ce dernier surtout a toutes ses préférences. Ce n’est pas une,
c’est plusieurs fois qu’il nous donne les traits du maître, tantôt
ihodelant le buste césarien de Napoléon Ier, tantôt, comme au musée
de Cherbourg, travaillant au milieu de ses élèves, en présence de
Vivant Denon, le célèbre surintendant des beaux-arts. Qui songerait
à aller chercher Boilly à Cherbourg? Un modeste musée de province
a eu la bonne fortune d’hériter de ce charmant tableau, l’un des
chefs-d’œuvre de Boilly, grâce aux libéralités d’un amateur distin-
gué, trop peu connu, M. Henry Thomas, commissaire des Musées
royaux sous la Restauration, et qui a légué à sa ville natale toutes
ses collections.
Le Houdon modelant le buste de Napoléon 1er est très connu. 11 a été
souvent reproduit par la lithographie. Il orne aujourd’hui le cabinet
d’un amateur versaillais. Le Houdon, dans son atelier, au milieu
de ses élèves, est, comme nous venons de le dire, à Cherbourg1 2 3.
Le Houdon sculptant, en présence de ses trois filles4, un buste qu’on
croit être celui de La Place, le célèbre savant, telle est l’esquisse que
nous reproduisons. Le précieux tableau pour lequel elle a été faite
est à Paris, et l’aimable autorisation de M. Emile Peyre nous permet
de le présenter à nos lecteurs à côté du dessin même. Nous allons
relever de légères dissemblances entre la peinture et le dessin.
1. Gazette des Beaux-Arts, 1889, tome II, page 502.
2. M. de Saint-Santin (Gazette des Beaux-Arts, tome XXII, p. 51,1867), parlant
incidemment de la vente Laneuville, dans une étude sur Heim, décrit ainsi ce
tableau, qui avait été exposé en 1800 : « On voit réunis tbus les camarades de
l'aimable miniaturiste : Girodet, Talma, Lethière, Chaudet, Perder, Fon-
taine, etc., etc. Le musée de Lille possède aujourd’hui les études de chacun de ces
personnages, et à coup sur le spfcituel Boilly s’était élevé là de son plus haut,
pour traduire avec convenance les plus intelligentes tètes de son époque. »
3. L’administration des Beaux-Arts, bien inspirée, a fait faire une bonne copie
de ce tableau, que l’on peut voir à Versailles.
4. On nous affirme quelles sont devenues plus tard M‘“es Raoul Rochette,
Duval et Calamatta.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
temps, le Petit marchand de journaux*, qui n’a été séduit par
cette délicieuse Incroyable? Ce que nous offrons aujourd’hui, à notre
tour, saisit à la fois les yeux et l’esprit. Boilly, de soir pinceau
spirituel et lin, a caractérisé son époque. D’une nature aimante et
bienveillante (rara aris !), il reproduisait volontiers le portrait
de ses amis, des illustrations du temps. Où les prendre mieux sur
le vif que dans leur atelier, peignant, sculptant à côté de leurs
élèves? Ainsi Boilly nous montre Isabey â, ainsi nous dépeint-il
Houdon. Ce dernier surtout a toutes ses préférences. Ce n’est pas une,
c’est plusieurs fois qu’il nous donne les traits du maître, tantôt
ihodelant le buste césarien de Napoléon Ier, tantôt, comme au musée
de Cherbourg, travaillant au milieu de ses élèves, en présence de
Vivant Denon, le célèbre surintendant des beaux-arts. Qui songerait
à aller chercher Boilly à Cherbourg? Un modeste musée de province
a eu la bonne fortune d’hériter de ce charmant tableau, l’un des
chefs-d’œuvre de Boilly, grâce aux libéralités d’un amateur distin-
gué, trop peu connu, M. Henry Thomas, commissaire des Musées
royaux sous la Restauration, et qui a légué à sa ville natale toutes
ses collections.
Le Houdon modelant le buste de Napoléon 1er est très connu. 11 a été
souvent reproduit par la lithographie. Il orne aujourd’hui le cabinet
d’un amateur versaillais. Le Houdon, dans son atelier, au milieu
de ses élèves, est, comme nous venons de le dire, à Cherbourg1 2 3.
Le Houdon sculptant, en présence de ses trois filles4, un buste qu’on
croit être celui de La Place, le célèbre savant, telle est l’esquisse que
nous reproduisons. Le précieux tableau pour lequel elle a été faite
est à Paris, et l’aimable autorisation de M. Emile Peyre nous permet
de le présenter à nos lecteurs à côté du dessin même. Nous allons
relever de légères dissemblances entre la peinture et le dessin.
1. Gazette des Beaux-Arts, 1889, tome II, page 502.
2. M. de Saint-Santin (Gazette des Beaux-Arts, tome XXII, p. 51,1867), parlant
incidemment de la vente Laneuville, dans une étude sur Heim, décrit ainsi ce
tableau, qui avait été exposé en 1800 : « On voit réunis tbus les camarades de
l'aimable miniaturiste : Girodet, Talma, Lethière, Chaudet, Perder, Fon-
taine, etc., etc. Le musée de Lille possède aujourd’hui les études de chacun de ces
personnages, et à coup sur le spfcituel Boilly s’était élevé là de son plus haut,
pour traduire avec convenance les plus intelligentes tètes de son époque. »
3. L’administration des Beaux-Arts, bien inspirée, a fait faire une bonne copie
de ce tableau, que l’on peut voir à Versailles.
4. On nous affirme quelles sont devenues plus tard M‘“es Raoul Rochette,
Duval et Calamatta.