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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: L' enseignement des beaux-arts en France, 1: le siècle de Louis XIV
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0402

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L’ENSEIGNEMENT DES BEAUX-AIITS EN FRANCE. 379

dessigner sans rien payer ». C’était une habile invite à la libéralité
des gouvernants. Malheureusement, les troubles de la Fronde
venaient de commencer et Mazarin avait des devoirs plus pressants.

Pendant que le modèle était en attitude, chacun (je cède ici
encore la plume à l’historiographe de l’Académie) « dessinait dans un
profond silence, avec une vive et forte application. Dans les inter-
valles des poses, les élèves montraient leurs dessins à l’ancien en
mois, singulièrement chargé de l’instruction, où à ces autres
excellents maîtres qu’il avait à ses côtés, et qui les accueillaient de
leur sentiment. Ce n’étaient d’abord que des avis particuliers,
c’étaient ensuite des observations plus générales, et qui impercepti-
blement tournaient en dissertations savantes et lumineuses, sur le
principe du dessin en tant que simple imitation, sur la manière
d’enrichir et d’ennoblir celui qui se fait d’après le naturel des beautés
de l'antique, sur le caractère et le mérite de celui des grands hommes
de l’Ecole romaine et de celle de Bologne ». Le rôle du professeur ne
se bornait pas à la mise en attitude du modèle et à la révision des
élèves; il devait dessiner ou modeler en même temps qu’eux, afin que
son dessin ou sa maquette leur servit d’exemple (statuts de 1668)1 ;
je reviendrai dans un instant sur ces démonstrations pratiques, ces
académies, dont un grand nombre sont parvenues jusqu’à nous 2 3.

De prime abord, le programme auquel s’arrêta l’Académie parait
singulièrement incomplet’1; mais les lacunes sont moins graves

1. C’est ainsi que procédait Annibai Canache. Voir le Journal du Voyage du cava-
lier Bernin en France, éd. Lalanne, p. 31-35.

2. Voyez l’analyse que j’en ai donnée ici-même (Gazette, 1891, 1.1, p. 181-182).
— Un mot aussi sur les modèles eux-mêmes. Ces héros, plus ou moins passifs, de
tant de manifestations étaient de véritables fonciionnaires, vêtus d’un justau-
corps aux livrées du roi et ayant le droit de porter l'épée. Ilsdevaientse soumettre
à un examen préliminaire par l’Académie, qui leur témoigna en mainte occasion
sa sollicitude. Colbert ayant fait venir, en 1668, des galères de Toulon deux esclaves
turcs, Dumelz et Perrault les présentèrent à l’Académie, qui les examina après les
avoir fait dépouiller. En 1673, l’Académie engagea un modèle à Rome (A ce
moment, le même modèle posait alternativement aux Gobelins età l’Académie). —
En 1685, elle se trouva assez riche pour réaliser un de ses vœux les plus chers:
attacher à son service un troisième modèle.

3. L’Académie de peinture et de sculpture ne s’occupait, comme l’indiquait son
titre, que des peintres et des sculpteurs. La création de l’Académie d’architecture
(le 31 décembre 1671 ) eut pour effet d'assurer l’éducation de nouvelles générationsde
maîtres en l’art de bâtir, en attendant que les graveurs en taille-douce et les
graveurs en médailles eussent leur tour. Les architectes jouissaient depuis un temps
immémorial d'une absolue indépendance vis-à-vis de la corporation des maçons .
 
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