L’ART DECORATIF DANS LE VIEUX PARIS.
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qui ont été modernisées, et dont les panneaux et les pilastres sont
ornés d’arabesques et de feuilles d’acanthe sculptées. Un petit bou-
doir qui lui fait suite est bien plus délicat d’exécution et plus har-
monieux, dans ses dimensions restreintes. Il est entouré de panneaux
encadrés par des baguettes finement évidées à jour, se détachant
en or sur un fond blanc. Au fond de la pièce est une petite alcôve
destinée à recevoir un sopha et garnie de glaces. Sur le plafond
rond sont jetés des oiseaux voltigeant; dans les angles sont des
écoinçons sculptés et dorés d’un style Louis XVI très sobre.
Nous signalerons dans la rue de Trévise (n° 32) une vaste maison
isolée de tous les côtés, datant du commencement de ce siècle, où
il existe plusieurs peintures importantes de l’école de David.. Dans
la rue Richer, se voient encore quelques-unes des habitations qu’y
avaient construites les architectes Ledoux et Damains, qui semblent
avoir perdu sans retour les traces de leur décoration primitive. La
rue du Faubourg-Poissonnière a conservé plusieurs grandes demeures
qui datent de la même époque ; elles sont aujourd’hui converties en
maisons de commerce ou en établissements financiers. La plus impor-
tante de ces constructions était celle du Conservatoire national de
musique, autrefois l’hôtel des Menus-Plaisirs du Roi et qui servit pen-
dant plusieurs années de Garde-meuble. Le théâtre que l’on y voit
provenait originairement du château de Bellevue, bâti par la mar-
quise de Pompadour, mais il a été refait sous le premier Empire. Il
est donc l’un des plus anciens de Paris, bien qu’il ne présente qu’un
intérêt artistique des plus médiocres. L’ancien hôtel des Menus-
Plaisirs a été entièrement reconstruit sous le règne de Louis-Philippe ;
mais ses bâtiments, aussi disgracieux qu’incommodes, menacent ruine
dès maintenant. La façade longeant la rue Bergère a seule conservé
l’aspect général qu’elle avait à la fin du xvme siècle.
Dans la petite maison des Turgot, située rue Condorcet (n° 4) et
appartenant au célèbre ténor Duprez qui y a fait établir un théâtre,
nous avons vu un grand salon de style Louis XVI, que décorent des
bas-reliefs d’enfants, imités de ceux de la fontaine de Grenelle, par
Bouchardon. Cette pièce est précédée d’une antichambre à pilastres,
et accompagnée d’une chambre à coucher ornée de panneaux et de
médaillons à figures du même style.
M. Gromot Du Bourg avait fait construire en 1766, dans la rue
Cadet (n° 9), une grande maison d’habitation occupée longtemps par
la fabrique Pleyel, où l’on trouve un appartement composé de plu-
sieurs salons revêtus de boiseries d’une facture assez sommaire, dont
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qui ont été modernisées, et dont les panneaux et les pilastres sont
ornés d’arabesques et de feuilles d’acanthe sculptées. Un petit bou-
doir qui lui fait suite est bien plus délicat d’exécution et plus har-
monieux, dans ses dimensions restreintes. Il est entouré de panneaux
encadrés par des baguettes finement évidées à jour, se détachant
en or sur un fond blanc. Au fond de la pièce est une petite alcôve
destinée à recevoir un sopha et garnie de glaces. Sur le plafond
rond sont jetés des oiseaux voltigeant; dans les angles sont des
écoinçons sculptés et dorés d’un style Louis XVI très sobre.
Nous signalerons dans la rue de Trévise (n° 32) une vaste maison
isolée de tous les côtés, datant du commencement de ce siècle, où
il existe plusieurs peintures importantes de l’école de David.. Dans
la rue Richer, se voient encore quelques-unes des habitations qu’y
avaient construites les architectes Ledoux et Damains, qui semblent
avoir perdu sans retour les traces de leur décoration primitive. La
rue du Faubourg-Poissonnière a conservé plusieurs grandes demeures
qui datent de la même époque ; elles sont aujourd’hui converties en
maisons de commerce ou en établissements financiers. La plus impor-
tante de ces constructions était celle du Conservatoire national de
musique, autrefois l’hôtel des Menus-Plaisirs du Roi et qui servit pen-
dant plusieurs années de Garde-meuble. Le théâtre que l’on y voit
provenait originairement du château de Bellevue, bâti par la mar-
quise de Pompadour, mais il a été refait sous le premier Empire. Il
est donc l’un des plus anciens de Paris, bien qu’il ne présente qu’un
intérêt artistique des plus médiocres. L’ancien hôtel des Menus-
Plaisirs a été entièrement reconstruit sous le règne de Louis-Philippe ;
mais ses bâtiments, aussi disgracieux qu’incommodes, menacent ruine
dès maintenant. La façade longeant la rue Bergère a seule conservé
l’aspect général qu’elle avait à la fin du xvme siècle.
Dans la petite maison des Turgot, située rue Condorcet (n° 4) et
appartenant au célèbre ténor Duprez qui y a fait établir un théâtre,
nous avons vu un grand salon de style Louis XVI, que décorent des
bas-reliefs d’enfants, imités de ceux de la fontaine de Grenelle, par
Bouchardon. Cette pièce est précédée d’une antichambre à pilastres,
et accompagnée d’une chambre à coucher ornée de panneaux et de
médaillons à figures du même style.
M. Gromot Du Bourg avait fait construire en 1766, dans la rue
Cadet (n° 9), une grande maison d’habitation occupée longtemps par
la fabrique Pleyel, où l’on trouve un appartement composé de plu-
sieurs salons revêtus de boiseries d’une facture assez sommaire, dont