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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 5
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Gayet, Albert: Le symbolisme des figures isiaques et les terres cuites égypto-grecques
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0442

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418

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sens grossiers, absurdes, où se reconnaît, avant tout, l’ignorance de
celui qui veut l’évoquer.

Il ne faudrait pas croire pourtant que cette hésitation eut pour
cause la décadence des civilisations antiques ou l’affaiblissement des
croyances qui leur avaient servi de base. L’Orient ne pouvait pas plus
comprendre la Grèce que la Grèce ne le comprenait. Autant il se
complaisait à vivre de la vie de l’âme, autant elle aimait à s’arrêter
à l’extériorité des choses. Pour lui, tout était idéalisme ; pour elle,
tout réalité. Son esthétique qui, depuis des siècles, avait résumé
ses pensées complexes se trouvait sans emploi et n’avait plus sa
raison d’être; non certes qu’il fût impuissant à se faire l’apôtre
d’une doctrine nouvelle ; au contraire. Au jour où le christianisme
l’eut affranchi de la tutelle de Byzance, il se manifesta tout aussi pur,
tout aussi vibrant, tout aussi nuancé qu’aux temps antiques ; la
période grecque fut pour lui un interrègne, une lacune; il se replia
sur lui-même et attendit.

En Egypte surtout, cette incompatibilité s’affirma avec une
vigueur extraordinaire. Pourquoi? J’en ai exposé ici même les causes,
en recherchant comment le symbolisme pharaonique s’incarna dans
le symbolisme chrétien. Un abîme séparait l’Égypte de la Grèce. De
toutes les races de l’Orient, la race égyptienne avait été la plus spiri-
tualiste. Sa religion, façonnée par la nature toute spéciale du sol,
s’était, avant même d’apparaître dans l’histoire écrite, pénétrée de
la théorie des éternelles renaissances et des éternelles transforma-
tions. L’infini s’était' déployé devant elle, avec le mystère des
métempsycoses et de la lutte des puissances créatrices et destruc-
tives qui se partagent l’univers comme le champ du devenir de
l’homme: la vie, comme l’une de ses manifestations, la plus infé-
rieure, la plus tourmentée, la plus misérable de toutes; la mort,
comme la première étape d’une existence sereine et glorieuse, celle
de l’Osirien, identifié au soleil, et comme lui renaissant à une aurore
nouvelle chaque jour.

Cette conception cosmique était nettement en opposition avec les
mesquineries théosophiques de la Grèce. Pour celle-ci, l’Olympe est
une cité, avec le bavardage oiseux de l’Agora. Le dieu qui y réside
n’est point l’être incréé, unique, éternel, absorbant et terrible,
en qui repose toute force et toute puissance : Zeus, le plus grand de
tous, a eu un commencement et sa royauté aura peut-être un
terme. En attendant, il ne se distingue de l’homme que par son air
majestueux et sa haute stature. Il a les besoins, les passions, les
 
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