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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 6
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Bénédite, Léonce: Michel-Barthélemy Ollivier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0490

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462

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’Egmont, la mère, ancienne amie intime du duc de Bourbon ; en
face d'elle s’avance une exquise figure de jeune femme, en robe d’un
gris tendre, en chapeau de paille aux bords relevés garnis de rubans
mauves. C’est sa belle-fille, la comtesse d’Egmont, la jeune, fille du
duc de Richelieu, dont elle avait la vivacité, les grâces, l’esprit et
aussi,disait-on,l’humeurvolage etlibertine. Ellepasse, tenant un plat,
une serviette à la main, dans la séduction de sa beauté piquante, de
cet air de volupté qui lui donnait un si grand prestige. Derrière elle,
de chaque côté, deux figures de vieux aimables égoïstes, de fondation
dans la maison : à gauche Pont de Veyle, l’organisateur de toutes
les fêtes de la petite cour, qu’il égayait de ses impromptus, de ses
anecdotes et de ses chansons, l’auteur, sans doute, du quatrain cou-
ronné d’un si déplorable calembour qu’Ollivier a inscrit dans son
tableau ; à droite, le vieux président Hénault, de la société de la reine
et de la duchesse de Luynes, vieux type d’académicien gourmand.
Tout à fait à droite, debout devant une table, le comte de Chabot
mangeant un biscuit, à côté de son frère, le galant vicomte de Jarnac,
qu’on citait comme le modèle de la politesse et de l’aménité. Puis,
assis à la même table, le bailli de Chabrillant, de la maison du prince,
et le vieux mathématicien d’Ortous de Mairan, âgé alors de quatre-
vingt-huit ans, esprit d’humeur égale et souriante qui fréquentait
assidûment le Temple. Il tend son verre à la maréchale de Beauvau,
âgée alors de trente-cinq ou trente-six ans, qui était, dit Mme de
Genlis, la femme la plus distinguée de la société par l’esprit, le ton,
les manières et l’air franc et ouvert qui lui était particulier. Elle
formait avec le prince de Beauvau, qu’on voit assis tout à gauche,
suivant le concert dans une partition, le ménage le plus parfait et le
plus touchant. Enfin, derrière le petit Mozart, debout, écoutant
attentivement, le chevalier de la Laurency, gentilhomme du prince.

Quelques-uns de ces mêmes personnages se retrouvent dans
une petite scène qui fait justement le pendant de la première. C’est
le Souper du prince de Conti au Temple, un second échantillon, aussi
exceptionnellement heureux que le premier, du talent d’Ollivier.

Le souper a lieu ici dans une grande salle décorée, dans le
goût sérieux du xvne siècle, de sujets mythologiques et d’arabesques
sur un fond d’or sombre qu’éclaire vaguement la clarté d’un
lustre et où brille de loin en loin dans les ornements la croix de
Malte. Elle se prolonge, au fond, par une sorte de large alcôve que
couronne un frontispice formé de deux amours tenant des branches
de laurier.
 
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