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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
disciples de Watteau, et en particulier sous celui de Lancret.
Les oeuvres d’Ollivier que nous décrivons ne sont pas, en effet,
signées. S’il en est ainsi des autres, on s’explique leur disparition ou
leur attribution à d’autres artistes. Pour celles que nous connaissions,
si nous n’avions pas eu des preuves assurées qu’elles sont de la main
de ce peintre, eût-on jamais pensé à mettre ces charmants ouvrages
sous le nom d’un inconnu que rien d’autre ne signalait à l’attention
de l’histoire ? On en eût gratifié sûrement quelque artiste déjà plus
naturellement avantagé. C’est le sort des ouvrages anonymes.
La rareté de ses ouvrages et l’oubli dans lequel a été plongé son
nom proviennent sans doute de ce qu’Ollivier, semble-t-il, avait
vécu à l’étranger pendant une grande partie de sa vie.
D’après une phrase d’un écrivain du temps ‘, répétée textuelle-
ment par tous les biographes, nous savons, en effet, qu'Ollivier
résida longtemps en Espagne, oû il laissa un grand nombre d’ou-
vrages. Mais nous ne trouvons aucune date qui établisse un fait
précis sur l’époque oû il entreprit ce voyage, la durée de son séjour
et les travaux qu’il y exécuta.
Sa biographie est donc très difficile à reconstituer. Nous savons
qu’il naquit à Marseille en 1712. Nous n’entendons plus parler de lui
jusqu’en 1764, époque oû il envoie à l’exposition de l’Académie de
Saint-Luc le portrait de sa femme. C’est donc antérieurement à cette
date et sans doute peu avant qu’il revint d’Espagne. A quelle date y
alla-t-il? Nous en sommes réduits aux hypothèses. En 1734, Rane,
premier peintre du roi d’Espagne, venant de mourir, Rigaud fut
chargé de lui trouver un successeur de son choix. Il désigna Louis-
Michel Vanloo, qui venait d’être reçu académicien depuis peu.
Ne serait-ce point à la suite de cet artiste, au milieu des camarades
qu’il emmena pour l’aider dans ses travaux ou qui le suivirent dans
l’espoir de profiter de ses relations ou de son influence, qu’Ollivier
aurait été entraîné en Espagne? Il était, en effet, élève de Carie Van-
loo, l’oncle de Louis-Michel, à peu près du même âge que ce dernier,
et nous pouvons voir quelque analogie entre les genres habituels
d'Ollivier et de ce peintre, on pourrait dire même entre certaines
qualités coutumières, « ce rendu précieux, cet accord tranquille
quoique avec éclat », cette habileté particulière dans l’exécution des
étoffes satinées comme entre certaines défectuosités de leur talent :
1. De la Biancherie, Essai d’un tableau historique des peintres français, 1 vol.
in-4°, 1783.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
disciples de Watteau, et en particulier sous celui de Lancret.
Les oeuvres d’Ollivier que nous décrivons ne sont pas, en effet,
signées. S’il en est ainsi des autres, on s’explique leur disparition ou
leur attribution à d’autres artistes. Pour celles que nous connaissions,
si nous n’avions pas eu des preuves assurées qu’elles sont de la main
de ce peintre, eût-on jamais pensé à mettre ces charmants ouvrages
sous le nom d’un inconnu que rien d’autre ne signalait à l’attention
de l’histoire ? On en eût gratifié sûrement quelque artiste déjà plus
naturellement avantagé. C’est le sort des ouvrages anonymes.
La rareté de ses ouvrages et l’oubli dans lequel a été plongé son
nom proviennent sans doute de ce qu’Ollivier, semble-t-il, avait
vécu à l’étranger pendant une grande partie de sa vie.
D’après une phrase d’un écrivain du temps ‘, répétée textuelle-
ment par tous les biographes, nous savons, en effet, qu'Ollivier
résida longtemps en Espagne, oû il laissa un grand nombre d’ou-
vrages. Mais nous ne trouvons aucune date qui établisse un fait
précis sur l’époque oû il entreprit ce voyage, la durée de son séjour
et les travaux qu’il y exécuta.
Sa biographie est donc très difficile à reconstituer. Nous savons
qu’il naquit à Marseille en 1712. Nous n’entendons plus parler de lui
jusqu’en 1764, époque oû il envoie à l’exposition de l’Académie de
Saint-Luc le portrait de sa femme. C’est donc antérieurement à cette
date et sans doute peu avant qu’il revint d’Espagne. A quelle date y
alla-t-il? Nous en sommes réduits aux hypothèses. En 1734, Rane,
premier peintre du roi d’Espagne, venant de mourir, Rigaud fut
chargé de lui trouver un successeur de son choix. Il désigna Louis-
Michel Vanloo, qui venait d’être reçu académicien depuis peu.
Ne serait-ce point à la suite de cet artiste, au milieu des camarades
qu’il emmena pour l’aider dans ses travaux ou qui le suivirent dans
l’espoir de profiter de ses relations ou de son influence, qu’Ollivier
aurait été entraîné en Espagne? Il était, en effet, élève de Carie Van-
loo, l’oncle de Louis-Michel, à peu près du même âge que ce dernier,
et nous pouvons voir quelque analogie entre les genres habituels
d'Ollivier et de ce peintre, on pourrait dire même entre certaines
qualités coutumières, « ce rendu précieux, cet accord tranquille
quoique avec éclat », cette habileté particulière dans l’exécution des
étoffes satinées comme entre certaines défectuosités de leur talent :
1. De la Biancherie, Essai d’un tableau historique des peintres français, 1 vol.
in-4°, 1783.