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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 6
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Maindron, Maurice: L' armeria de Madrid, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0513

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482

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’application de ces traditions moresques sur lesquelles les Espagnols
vécui’ent encore longtemps au cours du xvie siècle. Nous ne parlons
que pour mémoire des armes dites de Boabdil; on les a si souvent
décrites et figurées, malgré leur provenance et leur attribution
peu certaines, que nous ne saurions que rééditer des légendes,
et nous préférons attendre qu’une étude approfondie paraisse quelque
jour sur ces épées singulières que quelques-uns appellent impropre-
prement des alfanges. Ce dernier vocable doit être réservé pour les
cimeterres à lame courbe.

Nous figurons ici l’épée d’Etat de Charles-Quint, ou, pour mieux
dire, sa lame. Car elle a été démontée, toute la poignée plus
ancienne d’argent émaillé — comme en témoignent les anciens inven-
taires — ayant été détruite, sans doute fondue, puis remplacée
par une monture un peu hétéroclite, mais d’une allure archaïque
suffisante. C’est une grande et belle lame de Solingen précieusement
gravée et dorée, portant sur son talon des ornements, volutes, rin-
ceaux d’un beau style, puis les colonnes d’Hercule et l’écusson impé-
rial. L’épée des rois catholiques est un peu plus ancienne; elle date de
la fin du xve siècle. Sa lame, longue d’un mètre environ, et très
simple, est montée sur une garde en croix d’acier gravé et doré
tout comme le pommeau très comprimé, à cinq lobes, dont quatre
largement repercés d’un trou rond. La fusée actuelle est moderne ; l’an-
cienne, comme en témoigne la peinture de l’inventaire, était habillée
de velours rouge soutenue par huit spires d’un épais fil d’or tordu;
des floches de soie accompagnaient la base du pommeau et l’écusson
de la garde. Plus heureuse que l’épée officielle de Charles-Quint, celle
des rois catholiques a conservé son fourreau, monument archéo-
logique du plus haut intérêt, tant pour les armuriers que pour les
brodeurs. Son revêtement de soie rouge brodé et ourlé d’or porte les
armoiries de Léon, de Castille, d’Aragon, les flèches d’Isabelle, le
joug de Ferdinand. Il n’a jamais existé de chape ; mais la bouterolle
dorée, que l’inventaire nous représente avec sa curieuse forme en
fer à cheval, a disparu.

Une assez belle suite d’épées bénites données par les papes
mérite d’attirer l’attention. On sait combien, à une époque, les sou-
verains pontifes se montrèrent prodigues de ces dons apostoliques ;
M. Eugène Müntz en a patiemment reconstitué l’histoire. Ces glaives,
ou stoccos, étaient généralement de même taille, de même forme,
comme s’il existait à Rome un modèle courant de ces manifestations
tangibles et bien matérielles de la reconnaissance spirituelle du
 
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