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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Portalis, Roger: Claude Hoin, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0021

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

robe de mousseline blanche à ceinture violette, assise sur un banu,
des fleurs à la main, les traits contractés par la douleur, chante
l’ariette célèbre :

Quand le bien-aimé reviendra
Près de sa languissante amie,

Le printemps alors renaîtra,

L’herbe sera toujours fleurie,

Mais je regarde, hélas ! hélas !

Le bien-aimé ne revient pas !

L’artiste s’est efforcé de rendre l’expression de tristesse et d’an-
goisse que savait donner à ses traits Mmc Dugazon et de traduire avec
exactitude et vérité l’effet produit par elle au théâtre. Il l’a fait avec
une conscience dans le détail et, en même temps, avec une distinction
qui font de cette belle gouache un morceau précieux.

Pour conserver à l’estampe la physionomie exacte du dessin et
laisser à l'actrice la place occupée par elle à gauche de la scène, où le
public était habitué à la voir, l’habile Janinet a pris soin d’exécuter
sa planche à l'aide du miroir, ce qui donne la clef de cette particula-
rité que la gravure est dans le même sens que le dessin.

Ce dessin, Janinet l’a rendu à miracle dans tous ses détails ;
la gravure en couleurs ainsi traitée donne l’illusion de la gouache
même, et si le peintre a mis toute son âme à peindre sa Nina, le gra-
veur a prodigué son expérience et tout son talent. C’était l’époque où
celui-ci reproduisait, par son procédé à plusieurs planches repérées,
les plus suggestives productions de Lavreince. La Comparaison est
de 1786 et Y Aveu difficile de l’année suivante. Datée de 1787, la
Nina est donc de son meilleur moment et l’une des plus gracieuses
estampes de tout le xvme siècle. Sauf dans certaines épreuves, où le
ton des chairs est un peu trop monté, sa tonalité est exquise et les
amateurs la recherchent avec ardeur, puisqu’une épreuve avant la
lettre s’est vendue jusqu’à 3.550 francs il y a peu d’années.

Trois ans plus tard, en 1789, Claude Hoin refait encore une
Dugazon dans le même rôle. C’est la ravissante gouache trouvée par
les Goncourt, admirée longtemps dans leur collection et qui n’a pas
peu contribué à restituer sa vraie place à l’artiste oublié. Plus libre-
ment exécutée dans sa préciosité, les amateurs la préfèrent géné-
ralement à celle qui a été gravée. Très élégante d’aspect, nous ne
connaissons pas dans l’œuvre de Lartiste de morceau qui lui soit
supérieur, et l’on peut y voir ce qu’il a produit de plus parfait.

Nous avons eu grand plaisir à la revoir dans l’élégant salon où
 
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