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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
zigzags de blanc pur dont Goncourt disait que le très habile goua-
cheur lloin était peut-être l'inventeur,, bien qu’employés également
par Hall dans les demi-teintes, et qu’il comparait aux sillons brillants
d’un patin sur la glace.
Lors de l’Exposition des dessins de maîtres de l’Ecole des Beaux-
Arts, en 1879, le marquis de Chcnnevièrcs, à propos de ce précieux
morceau, remarquait que Claude lloin, « dont le nom n’est plus connu
qu'à Dijon», fut en son temps « habile portraitiste au pastel et plus
fin gouacheur de paysages » :
« Sa Mme Dugazon dans le rôle de Nina, courant vers la grille
d’un parc en tenant un bouquet de la main gauche, est un modèle de
travail délicat de la gouache, avec son piquetementde touche brillant
et léger. Cela sent les belles qualités du miniaturiste Ilall, mais
combien plus spirituel cl français qu’un Lavreince! »
Ajoutons ({ne l’artiste auquel on commençait à rendre justice
est vengé, bien qu’un peu tardivement, et le prix de 19.000 francs
atteint par sa gouache à la vente Goncourt, nous semble des plus
honorables pour sa mémoire.
Pour terminer avec les portraits de Mmc Dugazon, il reste à
signaler, chez M. Gaston Lcbreton, conservateur du musée de Rouen,
une esquisse charmante, dit-on, première pensée de l’œuvre qui
précède; à la vente Miihlbachcr, divers projets et esquisses aussi, et
pourquoi ne restituerions-nous pas à Claude lloin une agréable
aquarelle gouachée, attribuée, dans celte dernière vente, à Gabriel
de Saint-Aubin et figurant Mme Dugazon couronnée par le Temps?
C’est ainsi qu’on serait encore tenté de lui donner, n’était la
signature, la jolie gouache du comte Greffulhe, qu’au premier abord
on prend pour une Nina, des fleurs dans les mains. Même air tou-
chant; costume d’un bleu idéal, fichu léger aux rayures blanches,
paysage aux tons chauds, tonalité coutumière; mais à la vente Léo-
pold Double, d’où elle provient, c’était le portrait de Mme Saint-
Aubin dans le rôle de Babet, signé d’ailleurs du « plus pimpant des
miniaturistes », Hall, 1789. inclinons-nous, en constatant, une fois
de plus, de grandes analogies entre certaines œuvres de ces deux
charmants artistes, Hall et Hoin.
Moins connu comme pastelliste que comme gouacheur, Claude
Lloin doit pourtant occuper un très honorable rang parmi les vir-
tuoses du pastel. Son dessin est ferme, son coloris animé et son
exécution facile. Sans doute il est loin d’offrir l’énergie d’un Char-
din, la vie intense et la profondeur d’expression du grand physio-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
zigzags de blanc pur dont Goncourt disait que le très habile goua-
cheur lloin était peut-être l'inventeur,, bien qu’employés également
par Hall dans les demi-teintes, et qu’il comparait aux sillons brillants
d’un patin sur la glace.
Lors de l’Exposition des dessins de maîtres de l’Ecole des Beaux-
Arts, en 1879, le marquis de Chcnnevièrcs, à propos de ce précieux
morceau, remarquait que Claude lloin, « dont le nom n’est plus connu
qu'à Dijon», fut en son temps « habile portraitiste au pastel et plus
fin gouacheur de paysages » :
« Sa Mme Dugazon dans le rôle de Nina, courant vers la grille
d’un parc en tenant un bouquet de la main gauche, est un modèle de
travail délicat de la gouache, avec son piquetementde touche brillant
et léger. Cela sent les belles qualités du miniaturiste Ilall, mais
combien plus spirituel cl français qu’un Lavreince! »
Ajoutons ({ne l’artiste auquel on commençait à rendre justice
est vengé, bien qu’un peu tardivement, et le prix de 19.000 francs
atteint par sa gouache à la vente Goncourt, nous semble des plus
honorables pour sa mémoire.
Pour terminer avec les portraits de Mmc Dugazon, il reste à
signaler, chez M. Gaston Lcbreton, conservateur du musée de Rouen,
une esquisse charmante, dit-on, première pensée de l’œuvre qui
précède; à la vente Miihlbachcr, divers projets et esquisses aussi, et
pourquoi ne restituerions-nous pas à Claude lloin une agréable
aquarelle gouachée, attribuée, dans celte dernière vente, à Gabriel
de Saint-Aubin et figurant Mme Dugazon couronnée par le Temps?
C’est ainsi qu’on serait encore tenté de lui donner, n’était la
signature, la jolie gouache du comte Greffulhe, qu’au premier abord
on prend pour une Nina, des fleurs dans les mains. Même air tou-
chant; costume d’un bleu idéal, fichu léger aux rayures blanches,
paysage aux tons chauds, tonalité coutumière; mais à la vente Léo-
pold Double, d’où elle provient, c’était le portrait de Mme Saint-
Aubin dans le rôle de Babet, signé d’ailleurs du « plus pimpant des
miniaturistes », Hall, 1789. inclinons-nous, en constatant, une fois
de plus, de grandes analogies entre certaines œuvres de ces deux
charmants artistes, Hall et Hoin.
Moins connu comme pastelliste que comme gouacheur, Claude
Lloin doit pourtant occuper un très honorable rang parmi les vir-
tuoses du pastel. Son dessin est ferme, son coloris animé et son
exécution facile. Sans doute il est loin d’offrir l’énergie d’un Char-
din, la vie intense et la profondeur d’expression du grand physio-