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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0038

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30

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dans un arc de voûte, un Presepio ravissant1. La Vierge et saint
Joseph devant l’Enfant Dieu, seuls tous deux, avant l’arrivée des
bergers que l’on devine, au fond, là-bas; une jeune femme, à genoux,
Jes mains jointes l'une sur l'autre, les yeux baissés vers le panier
d’osier où le petit Jésus est posé dans un linge blanc; un vieil homme,
les mains croisées sur la poitrine ; les visages pleins de respect, de
sérénité ; une joie, contenue chez Marie, voilée par la vénération
chez Joseph; d’amples draperies ajoutant l’harmonie des lignes à
l'harmonie du sentiment; la vie en fleur, la vie penchant vers la
vieillesse, mais encore forte et auguste, ces deux figures adorant un
rien, un nouveau-né, leur Dieu, c’est tout ce que Bernardino faisait
tenir dans une arcade poudreuse, en plein air, auprès de la pergola,
pas loin du puits à roue, dans le rellet du ciel, l’ondoiement d’un pin,
la lumière qui bruissait sur le pré, derrière l’abside.

On a reconnu son portrait dans le grand vieillard qui tient un
livre, à gauche de Jésus, dans le temple, vers l’extrémité de la
fresque. Figure chenue, aux yeux pénétrants, aux traits creusés et
animés; la lèvre supérieure est rasée, une barbe blanche s’étale sur
la poitrine. Mais cette figure, plus ou moins accentuée, elle se
retrouve dans presque tout l’œuvre; elle est à Corne; elle est encore
ici, dans d’autres scènes; nous la reverrons à Lugano, différente par
le costume, par l’âge, si bien qu’on pourrait tout à l'heure, à Sainte-
Marie des Anges, tenter de voir comment Luini s’est représenté
dans les différentes étapes de son existence.

Mais il faut remarquer encore la persistance de deux ou trois
visages employés par prédilection, et très légèrement variés : un jeune
homme, qui est saint Jean1 2, qui est un page3, qui est un ange4, qui
est peut-être un des garçons refusés par Marie et brisant un rameau5 ;
une femme qui transparaît, souvenir d’admiration ou de tendresse,
dans presque toutes ses Madones; un homme, qui se place dans les
draperies de saint Joseph, dans la tunique de Joachim ou la casaque
et le bourdon de saint Roch. Eléments restreints dans leur origine;
mais toujours variés par une imagination sans bornes, et qui don-
nent de l’unité à cette œuvre immense, mais n’y laissent jamais
pénétrer une ombre de monotonie.

1. V. reproduction, tome précédent, p. 307.

2. Brera, n° t3, Vestibule E, p. 26 du catalogue.

3. Saronno, Adoration des Mages, pliot. Alinari 14625.

4. Ibid., phot. Alinari 14630.

b. V. planche hors texte, tome précédent, p. 96.
 
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