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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Nolhac, Pierre de: Les Bosquette de Versailles, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0053

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ils ont fait. On travaille autant qu’il se peut au massif des deux
buffets ; il y en a un d’achevé, et les tuyaux qui passent dans les
gradins sont posés avec chacun leur robinet '. »

Le Marais fut fini, en même temps que le Labyrinthe, pour le
retour du voyage d’Alsace, à l’automne de 1673. Quoique certains
détails y manquassent encore en 1684, ce bosquet servit à inaugurer
la série de fêtes brillantes que Louis XIV donna à la Cour à l’occa-
sion de la seconde conquête de la Franche-Comté. Félibien, qui a
écrit la relation de ces fêtes, et qui composait en même temps sa
description de Versailles, put offrir à Mme de Montespan la flatterie
de deux pages distinctes en ses deux ouvrages. La moins longue
sera choisie pour le lecteur :

C'est un petit bois où il y a un grand carré d’eau plus long que large,
au milieu duquel est un gros arbre si ingénieusement fait qu’il paraît natu-
rel. De l’extrémité de toutes ses branches sort une infinité de jets d’eau qui
couvrent le Marais. Outre ces jets d’eau, il y en a encore un grand nombre
d’autres qui jaillissent des roseaux qui bordent les côtés de ce carré. Aux
deux bouts et dans l’épaisseur des palissades sont deux enfoncements de
verdure en manière de cabinets, où l’on monte par deux marches de gazon.
Dans chacun de ces enfoncements, il y a une grande table de marbre blanc,
et sur chaque table une corbeille de bronze doré remplie de fleurs au natu-
rel, de laquelle sort un gros jet d’eau, qui retombe dedans et s’y perd sans
mouiller la table. Au milieu des côtés de ce carré, il y a aussi d’autres enfon-
cements semblables à ceux des deux bouts, où sur des marches de gazon
sont élevées de longues tables de marbre blanc et rouge avec des gradins
pour servir de buffets. De ces gradins, il sort de l’eau par des ajustages qui
forment des aiguières, des verres, des carafes et d’autres sortes de vases,
qui semblent être de cristal de roche garnis de vermeil doré.

Le Mercure galant insiste tout particulièrement sur les pièces
des buffets : « Comme la plupart de ces pièces n’ont que des cercles
ou autres morceaux dorés, il serait difficile à ceux qui n’ont point
ouï parler de ces buffets de deviner à quels usages ils sont destinés.
Lorsque l’eau vient à jouer, elle satisfait la curiosité des spectateurs
et, en remplissant les vides qui sont entre les pièces, elle forme des
vases parfaits dont le corps paraît un beau cristal enrichi d’ornements
dorés 2. » Il serait difficile de se figurer ces garnitures singulières,
sans un grand dessin en couleur des Archives Nationales qui en

1. Lettres de Colbert, éd. P. Clément, t. V, p. 330.

2. Mercure Galant, novembre 1686, p. 187.
 
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