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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Nolhac, Pierre de: Les Bosquette de Versailles, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0057

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

s’élèvent du milieu de ces canaux et des côtés des allées, lesquelles
forment une infinité de figures d’eau toutes différentes U »

C’était bien en réalité un théâtre que ce bosquet, ou tout au
moins un lieu où l’on pouvait entendre de la musique; mais le spec-
tacle était fourni par les eaux elles-mêmes. Le chef des fontainiers du
roi, le sieur Denis, en indique l'usage dans un assez curieux poème
descriptif, presque entièrement inédit, qu’il a composé sur les fon-
taines de Versailles A Si la mythologie et l’art sont parfois maltraités
par l’auteur, il a du moins toute qual ité pour nous donner des ren-
seignements autorisés sur les matières de sa profession. Il ne consacre
pas moins de cent cinquante de ses «vers héroïques», vigoureuse-
ment chevillés, à la description du Théâtre d’eau. Peu nous importe
qu’il ait cru célébrer en poète les merveilles auxquelles, en fontai-
nier, il donnait la vie :

On y voit des gradins qui sont à trois étages,

Où sont les spectateurs commodément assis
Pour entendre et pour voir les desseins qu'on a pris
On met dans ces gradins, où la joie est publique,

Les joueurs d’instruments et les gens de musique,

Dont la douce harmonie enchante tellement
Qu'on ne peut s’ennuyer dans un lieu si charmant..

Avec une complaisance minutieuse, l’auteur décrit les dix
combinaisons qui peuvent se succéder Ce sont : les berceaux et les
lances avec leurs deux cents jets, les bouillons seuls ou les aigrettes
seules, la grille seule, les berceaux avec les aigrettes, les bouillons
avec les berceaux, les lances seules, les bouillons avec les aigrettes,
les fleurs de lis seules, les Heurs de lis avec les berceaux et, pour
terminer cette fête des yeux, la décoration des grands berceaux :

Enfin les grands berceaux, pour être les derniers,

Ne cèdent point l'honneur et la gloire aux premiers.

Ce spectacle est charmant, il faut que je l’avoue,

Et, durant tout le temps que le Théâtre joue,

1. Le manuscrit 22 de la Bibliothèque de la ville de Versailles porte des
indications précises qu’il semble utile de relever : « Les eaux du Théâtre jouent
en cinq manières différentes : les jets s’élancent d’abord en haut et demeurent
droits ; ensuite ils se courbent et font des berceaux en dedans, puis en dehors ;
après cela, ils forment des cercles en avant, qui, étant changés tout à coup,
paraissent en arrière. »

2. Dans le manuscrit de la Bibliothèque Nationale, fonds français 2348, le
Théâtre d’eau occupe les ff. 44-50.
 
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