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Nr. 1
DOI article:Frizzoni, Gustavo: Une feuille de dessins inédite de la main de Raphaël
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0085
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
thèque Ambrosienne de Milan, appelé le Codex du Père Resta. Ce
qui est étrange, c’est que la maison Braun, ayant fait des repro-
ductions d’après les dessins contenus dans ce volume, n’ait pas
pris en considération ladite feuille, tandis que nous trouvons enre-
gistrés sous la rubrique de Rafaello Santi trois dessins qu’aucune
personne éclairée ne saurait accepter comme des originaux du
maître. Ces derniers sont de petits feuillets appliqués sur la
page 29 du Codex. Sur le premier — une étude au crayon, — on
voit représentée la partie inférieure d’une jambe, de structure
maigre et sèche, les os du genou bien marqués, le talon accentué,
le cou de pied plat, rappelant plutôt la manière des maîtres floren-
tins tels que Filippino Lippi et ses congénères. Le second feuillet,
pompeusement présenté comme de « Raphaël imitant le style de
Michel-Ange », ne nous offre, en effet, qu’un nu traité dans la
manière de Buonarroti, mais d'une façon inqualifiable et vulgaire.
Le troisième feuillet, enfin, consiste en un petit croquis à la plume
figurant une Madone avec l’Enfant ; c’est un travail sans caractère
bien déterminé, mais que le P. Resta a cherché à commenter en
ces termes dans le volume : « Première étude de Raphaël d’Urhin,
pour le tableau rond situé jadis sur l’autel de l’église des Pères
olivétains de Nocera de’ Pagani (près de Naples). Il était très célèbre
et M. le marquis de Carpio, vice-roi de Naples, l’acheta avec la per-
mission de la Congrégation du Saint Concile, chez les Pères, au
prix de mille écus, après en avoir fait faire, pour le même autel, une
copie, par Luca Giordano. L’original devait passer en fidéi-commis
dans la famille de la première fille mariée qui resterait sans enfants
mâles. Une très belle copie ancienne se trouve à Gaëte, dans l'église
des chevaliers de Malte; elle est peinte par Andrea Sabatini, de
Salerne, qu’on peut appeler légitimement le Raphaël de Naples. »
On sait que la Madone de Raphaël dont il s’agit passa, non-
obstant les dispositions du légataire, en la possession du duc d’Albe,
à Madrid, et se trouve maintenant au musée de l’Ermitage, à Saint-
Pétersbourg. Le musée de Lille possède deux charmantes études
originales, exécutées au crayon rouge pour ce tableau et en com-
paraison desquelles le petit croquis du Codex Resta ne saurait passer
pour une œuvre du maître, bien qu’il soit exécuté d’une main facile
et courante h
1. Les trois dessins susindiqués ont été reproduits par la maison Braun,
Clément et Cie, sous la rubrique : Bibliothèque Ambrosienne. Supplément. Collee-
lection du P. Resta; nos 272, 273, 274.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
thèque Ambrosienne de Milan, appelé le Codex du Père Resta. Ce
qui est étrange, c’est que la maison Braun, ayant fait des repro-
ductions d’après les dessins contenus dans ce volume, n’ait pas
pris en considération ladite feuille, tandis que nous trouvons enre-
gistrés sous la rubrique de Rafaello Santi trois dessins qu’aucune
personne éclairée ne saurait accepter comme des originaux du
maître. Ces derniers sont de petits feuillets appliqués sur la
page 29 du Codex. Sur le premier — une étude au crayon, — on
voit représentée la partie inférieure d’une jambe, de structure
maigre et sèche, les os du genou bien marqués, le talon accentué,
le cou de pied plat, rappelant plutôt la manière des maîtres floren-
tins tels que Filippino Lippi et ses congénères. Le second feuillet,
pompeusement présenté comme de « Raphaël imitant le style de
Michel-Ange », ne nous offre, en effet, qu’un nu traité dans la
manière de Buonarroti, mais d'une façon inqualifiable et vulgaire.
Le troisième feuillet, enfin, consiste en un petit croquis à la plume
figurant une Madone avec l’Enfant ; c’est un travail sans caractère
bien déterminé, mais que le P. Resta a cherché à commenter en
ces termes dans le volume : « Première étude de Raphaël d’Urhin,
pour le tableau rond situé jadis sur l’autel de l’église des Pères
olivétains de Nocera de’ Pagani (près de Naples). Il était très célèbre
et M. le marquis de Carpio, vice-roi de Naples, l’acheta avec la per-
mission de la Congrégation du Saint Concile, chez les Pères, au
prix de mille écus, après en avoir fait faire, pour le même autel, une
copie, par Luca Giordano. L’original devait passer en fidéi-commis
dans la famille de la première fille mariée qui resterait sans enfants
mâles. Une très belle copie ancienne se trouve à Gaëte, dans l'église
des chevaliers de Malte; elle est peinte par Andrea Sabatini, de
Salerne, qu’on peut appeler légitimement le Raphaël de Naples. »
On sait que la Madone de Raphaël dont il s’agit passa, non-
obstant les dispositions du légataire, en la possession du duc d’Albe,
à Madrid, et se trouve maintenant au musée de l’Ermitage, à Saint-
Pétersbourg. Le musée de Lille possède deux charmantes études
originales, exécutées au crayon rouge pour ce tableau et en com-
paraison desquelles le petit croquis du Codex Resta ne saurait passer
pour une œuvre du maître, bien qu’il soit exécuté d’une main facile
et courante h
1. Les trois dessins susindiqués ont été reproduits par la maison Braun,
Clément et Cie, sous la rubrique : Bibliothèque Ambrosienne. Supplément. Collee-
lection du P. Resta; nos 272, 273, 274.