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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 2
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Montesquiou-Fezensac, Robert de: Alfred Stevens
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0129

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ALFRED STEYENS

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bouquetière, dans un intérieur, assise à terre sur une peau d’ours
blanc constellée de blancs pétales, jeune rousse portant une hotte de
roses noisette, autour desquelles hésite un papillon incertain entre
les fleurs et la femme. Et le caprice du hasard, en même temps que
le choix du collectionneur, a réuni, dans un même salon, les deux
figures à la robe pareille. Cursive nomenclature que je ne veux pas
interrompre sans avoir mentionné encore le Modèle se chauffant,
ravissante frileuse, les mains tendues, telles que deux fleurs de
serre, au-devant d’un poêle que surmonte un vase blanc et bleu,
d’un rendu ineffable. La blonde Veuve, délicate jeunesse dont le
premier amour vient d’être fauché, et qui, sous son deuil trop
élégant, rêve déjà du convoi que présage un bouquet tentant, envoyé
pour de nouvelles fiançailles.

Les Rameaux. C’est le retour de la messe de Pâques fleuries.
Et p rès du lit drapé de cretonne aux fleurs vives, une élégante
dévote, fille pieuse aussi, suspend au portrait de sa mère, avec un
baiser, un brin de buis bénit. Il existe une réplique de ce tableau,
avec quelques variantes, dans l’ameublement et dans le costume.
Enfin, l’entre toutes admirable esquisse (appartenant au baron B...),
cette jeune femme assise, vêtue de velours émeraude et de zibeline,
en un intérieur dont la discrète intimité rendue avec la liberté la
plus puissante, évoque deux noms surpris de se rencontrer : Pieter
de Hooch et Velâzquez.

J’insiste sur le savoir-faire étonnant avec lequel Stevens repro-
duit aux murs des ateliers ou des salons qu'il représente les tableaux
qui les décorent : tel ou tel vieux maître, ou des contemporains, un
Diaz, un Corot, à s’y tromper, à réjouir, à décevoir, à décourager
le peintre lui-même.

Un jour, Stevens a voulu, je ne dis pas faire grand — la gran-
deur tient toute dans ses apparentes minuties — mais peindre en
grand ; il a fait, habilement secondé par M. Gervex, le Panorama du
Siècle. On l’admira. Qu’en reste-t-il? Tout au moins la série des
esquisses peintes dont il essaima : quatre vastes panneaux, sans rap-
port avec ce nom d’esquisses, et dans lesquels, en ce premier jet
plus expressif, s'évoquent les notables d’avant-hier avec une ressem-
blance non seulement de visage, d’attitude et de geste, mais d’ha-
bitus corporis et de pensée, qui nous fait reconnaître ceux-mêmes
que nous ne connaissons que par leurs œuvres.

Telle est, en quelques lignes et pour quelques toiles seulement,
mais élues parmi les plus caractéristiques, l’œuvre du maître flamand-
 
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