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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 2
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Migeon, Gaston: Les cuivres arabes, 2, Le "Baptistère de Saint Louis" au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0138

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126

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des artistes de Mossoul transmettre leurs procédés et leur art en
Syrie, à Damas ou à Alep, en Egypte, au Caire, et aussi en Perse,
et y continuer leurs traditions glorieuses; soit que la domination
mongole leur ait été intolérable, soit que leur renommée les ait fait
appeler par les sultans voisins. Et de cet exode nous retrouvons le
témoignage dans de nombreux objets tout à fait analogues à ceux
que nous avons étudiés plus haut, et que l'on devrait considérer
comme nés à Mossoul, si l’artiste n’avait pas tenu souvent à faire
suivre le nom de la ville ou du personnage pour lesquels il travaillait
de son propre titre d'origine, auquel il semblait attacher un senti-
ment de légitime fierté.

Nous avons étudié longuement le beau vase Barberini, qui vient
d’entrer dans les collections du Louvre, et pu voir que, fait selon
toute vraisemblance à Alep, en Syrie, il ne s’éloignait nullement
des œuvres contemporaines de même genre qu'on fabriquait à
Mossoul, au milieu du xm° siècle.

Une buire, qui devait lui être assez semblable, nous est signalée
par Lavoix1 comme ayant été exposée par M. Delort de Gléon. Elle
était au nom de ce même Yusuf, dernier sultan ayoubite d’Alep. Sur
le col on lisait, en caractères damasquinés d’argent : « Fait par
Hosseïn ben Mahommed el Massoulg, à Damas la bien gardée, l'an
059 [I960). » Les Mongols venaient de s’emparer de Mossoul, et
Hosseïn ben Mohammed, quittant sa ville natale, s’était sans doute
réfugié à Damas, dont Yusuf était alors le souverain. Espérons que
nous retrouverons un jour la trace de cette buire.

Cette classe d’objets, qui, pendant le xiv° siècle, va être si nom-
breuse au Caire et en Syrie, et qu’on peut dénommer égypto-syriaque,
ne se distingue peut-être d’abord par aucun caractère très spécial.
Les artistes de Mossoul se contentèrent de maintenir leurs traditions
décoratives ; mais, peu à peu, les figures, que les Mossoulis prodi-
guaient avec une inépuisable fantaisie, tendirent à disparaître; la
décoration d’oiseaux affrontés, de canards volants disposés symétri-
quement dans des médaillons les têtes en dehors, les rosaces de
fleurs et de feuilles, prédominent de plus en plus dans les cuivres
d’origine syrienne ; au Caire, c’est surtout l'inscription qui prend
une importance capitale ; elle occupe généralement la panse de
l’objet, que ce soit un chandelier, un bassin ou une aiguière, pres-
que tout le diamètre des plateaux; le reste n’est plus que la déco-

1. La Galerie orientale à l’Exposition du Trocadéro (Gazette des Beaux-Arts,
2e pér., t. XVIII, p. 786).
 
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