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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
n'y est pas impérieuse et se dissimule plutôt; elle porte : «Décoré par
Mohammed, fis de Hassan, de Mossonl, que Dieu lui accorde ses
grâces, fait par lui-même au Caire, et cela en (6..) de l'hégyre »
(12..). Document très précieux, puisqu'il nous apprend que déjà au
Caire, au xme siècle, un artiste de Mossoul travaillait, conscient de
sa valeur et peut-être célèbre.
Les traditions de Mossoul s’y maintinrent assez sévèrement, je
pense, pendant tout le xme siècle. Une très belle aiguière, qui passa
de la collection Goupil-au musée des Arts décoratifs (catalogue de
vente, n° 74, reproduite), les accuse encore toutes, n’était cependant
l’inscription, qui prend, au sommet de la panse, une importance inu-
sitée. bille nous apprend qu elle fut faite au Caire par un artiste de
Mossoul pour un sultan du Yémen, dans les dernières années du
xme siècle.
La fin du xme siècle vit s'épanouir au Caire une civilisation
admirable, avec la dynastie des mamlouks Baharitcs, et le règne du
sultan Kalaoun fut particulièrement brillant.
De cette époque doivent dater une série de chandeliers à pans
coupés, dont le style se continua plus tard et dont les bases et les
douilles octogones, à alvéoles concaves, ont comme prototypes archi-
tectoniques les minarets de cette même époque et particulièrement
celui du Maristan de Kalaoun.
Prisse d’Avesnes [L'Art arabe, 3e vol.) a publié un de ces chan-
deliers au nom de Kalaoun. Un autre, de plus petite dimension,
mais sans doute d'époque moins ancienne, et qui n’est peut-être pas
de beaucoup antérieur au xvie siècle, se trouvait dans la collection
Schéfer et est passé dans celle de M. le baron Edmond de Rothschild.
Deux autres encore faisaient partie de la collection Goupil. Le plus
beau de tous ceux qui sont connus, offrant de grandes figures de
cavaliers et ayant conservé tous ses argents incrustés, fait partie de
la collection de M. Peytel.
Le Musée arabe du Caire possède deux koursis, de cuivre gravé
et incrusté, tables sur lesquelles on posait les chandeliers, de chaque
côté du mirhab. Ce sont deux œuvres d’un travail surprenant,
entièrement gravées et incrustées d’argent. Sur le plateau, une rosace
en lettres kouffiques forme le centre, autour de laquelle rayonnent
de petits champs animés de canards. Cet objet provient du Maristan
de Kalaoun,, mais il date d’une époque postérieure au règne de ce
sultan. On peut lire, très dissimulée sur un des pieds du meuble,
l’inscription : « Le maître Mohammed, fis de Sounkor de Bagdad,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
n'y est pas impérieuse et se dissimule plutôt; elle porte : «Décoré par
Mohammed, fis de Hassan, de Mossonl, que Dieu lui accorde ses
grâces, fait par lui-même au Caire, et cela en (6..) de l'hégyre »
(12..). Document très précieux, puisqu'il nous apprend que déjà au
Caire, au xme siècle, un artiste de Mossoul travaillait, conscient de
sa valeur et peut-être célèbre.
Les traditions de Mossoul s’y maintinrent assez sévèrement, je
pense, pendant tout le xme siècle. Une très belle aiguière, qui passa
de la collection Goupil-au musée des Arts décoratifs (catalogue de
vente, n° 74, reproduite), les accuse encore toutes, n’était cependant
l’inscription, qui prend, au sommet de la panse, une importance inu-
sitée. bille nous apprend qu elle fut faite au Caire par un artiste de
Mossoul pour un sultan du Yémen, dans les dernières années du
xme siècle.
La fin du xme siècle vit s'épanouir au Caire une civilisation
admirable, avec la dynastie des mamlouks Baharitcs, et le règne du
sultan Kalaoun fut particulièrement brillant.
De cette époque doivent dater une série de chandeliers à pans
coupés, dont le style se continua plus tard et dont les bases et les
douilles octogones, à alvéoles concaves, ont comme prototypes archi-
tectoniques les minarets de cette même époque et particulièrement
celui du Maristan de Kalaoun.
Prisse d’Avesnes [L'Art arabe, 3e vol.) a publié un de ces chan-
deliers au nom de Kalaoun. Un autre, de plus petite dimension,
mais sans doute d'époque moins ancienne, et qui n’est peut-être pas
de beaucoup antérieur au xvie siècle, se trouvait dans la collection
Schéfer et est passé dans celle de M. le baron Edmond de Rothschild.
Deux autres encore faisaient partie de la collection Goupil. Le plus
beau de tous ceux qui sont connus, offrant de grandes figures de
cavaliers et ayant conservé tous ses argents incrustés, fait partie de
la collection de M. Peytel.
Le Musée arabe du Caire possède deux koursis, de cuivre gravé
et incrusté, tables sur lesquelles on posait les chandeliers, de chaque
côté du mirhab. Ce sont deux œuvres d’un travail surprenant,
entièrement gravées et incrustées d’argent. Sur le plateau, une rosace
en lettres kouffiques forme le centre, autour de laquelle rayonnent
de petits champs animés de canards. Cet objet provient du Maristan
de Kalaoun,, mais il date d’une époque postérieure au règne de ce
sultan. On peut lire, très dissimulée sur un des pieds du meuble,
l’inscription : « Le maître Mohammed, fis de Sounkor de Bagdad,