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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 2
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Duret, Théodore: La gravure japonaise: à propos des récentes acquisitions du Cabinet des Estampes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0146

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134

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

illustrés ou albums, pour nous servir de termes en usage chez
nous, mais qui, en réalité, constituent, pour la plupart, une chose
propre au Japon, dont on ne saurait donner une idée qu’en les
comparant à des recueils reliés d’images ou de gravures avec texte.

L’art de l’impression a été primitivement emprunté par le
Japon à la Chine. Cet emprunt remonterait à la fin du vme siècle et,
depuis lors, les Japonais auraient eu des livres imprimés. Les
prêtres bouddhistes auraient aussi, depuis cette époque reculée,
édité, dans certains sanctuaires, par l’intermédiaire de la gravure sur
bois, des feuilles détachées représentant des personnages vénérés
de leur religion. Mais les spécimens qui nous sont parvenus de ces
sortes d’images sont rares ; ils n’ont aucun caractère artistique et
ils ne subsistent que comme témoignages de procédés primitifs très
grossiers. Pour trouver dans les livres imprimés la combinaison de
l’écriture avec des dessins développés, il nous faut arriver à la fin du
xvie siècle, et nous avons alors, parmi les premiers spécimens des
livres japonais illustrés, le Bonnshoiv zyou \rctn Kycrn de 1582.

Cependant, c’est aller trop loin que de donner à cet ouvrage
le qualificatif de livre japonais, car il n’est que la reproduction exacte
d’un livre bouddhique venu de la Chine. Les Japonais ont donc pris,
très vraisemblablement, l’idée des livres illustrés aux Chinois,
puisque les premiers livres illustrés que nous avons d'eux ne sont que
la réimpression de livres chinois. Mais les Japonais devaient tout de
suite donner à l’art de la gravure entré dans les livres un caractère
artistique qu’il n’avait jamais eu en Chine. Les livres illustrés en
Chine sont toujours restés clairsemés ; la gravure n’y a guère été
appliquée qu’à la reproduction de sujets techniques. Quand elle a
voulu s’étendre hors de ce cadre étroit, elle est demeurée, malgré
tout, dépourvue de puissance, grêle de formes et de procédés. On
ne sent, dans aucune image, la main ni l’originalité d’un créateur,
et il serait impossible de réunir une collection de livres illustrés
chinois offrant un véritable intérêt artistique.

Les Japonais, au contraire, dès qu’ils ont appliqué l’art de la
gravure à des sujets nationaux, ont élevé cette branche restée infé-
conde en Chine à un haut degré de puissance. Succédant sans transi-
tion à la reproduction du livre bouddhique chinois de 1582, nous
avons, en 1608, Vissé monogatari, en deux volumes, qui est un
livre entièrement japonais de texte et de style, et où les dessins
gravés, pleins de vie et de mouvement malgré leur archaïsme, ont
véritablement revêtu un aspect d’art. On s’est même étonné que,
 
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