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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
elles se distinguent très nettement des deux autres genres de poteries à lustre
que nous venons d’examiner. Leur décor consiste généralement en inscriptions
et en rinceaux assez simples. Cette ornementation est dessinée au moyen d’un
lustre brun rouge, à reflet nettement violet; la couverte, qui forme des gouttes
épaisses au bas des pièces, est siliceuse. D’où proviennent ces vases 1, qui
diffèrent tout à fait de ce que Ton connaissait jusqu’à présent en matière de
céramique musulmane ? Il est, actuellement, impossible de le savoir ; les mar-
chands orientaux qui les apportent disent qu’elles proviennent de la Syrie, et,
quelque peu de cas que l’on doive faire de leurs assertions, il faut les en croire
pour le moment, en attendant que la question soit élucidée par des recherches
et des fouilles scientifiques. En tout cas, il ne semble pas qu’on en ait trouvé
jusqu'ici à Fostat.
On ne sait également rien de précis sur l’origine exacte d’une autre série de
faïences musulmanes, connue cependant depuis plus longtemps, et dont M. Wallis
publie quelques spécimens, encore que souvent on n’y trouve pas de lustre
métallique. Ce sont généralement de grandes pièces, vases ou bols, d’une terre
blanchâtre, grossière et épaisse, et dont la couverte est siliceuse ; elles ont pour
décor, soit des fleurs stylisées ou de fausses inscriptions, peintes en noir sous
une couverte bleue, soit des animaux ou des rinceaux peints en lustre métal-
lique sur une couverte bleue1 2, soit des bandes bleues ou vertes, avec des rinceaux
ou des animaux peints en noir verdâtre sous une couverte incolore3. Plusieurs
1. Wallis, fig. 2, 6, 7, 9, 13, 14, 17, 22. Toutes ces pièces se ressemblent tellement,
qu'elles doivent provenir d’un même centre de fabrication.
2. De beaux vases de ce genre appartiennent à Mme la comtesse R. de Béarn et à
M. Godman.
3. Cette peinture, dans la majorité des cas, est appliquée directement sur la terre,
sans engobe. Quelquefois un peu de rouge apparaît dans le décor. La couleur bleue, qui
est beaucoup plus fusible que le noir et le rouge, et qui est plus facilement absorbée par
la couverte siliceuse, a souvent coulé. Quelquefois aussi les pièces sont percées de
petits trous, que la couverte transparente bouche sans en supprimer l’effet, — technique
qui a été plus tard très employée par les Persans. Ajoutons que les plus anciennes
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elles se distinguent très nettement des deux autres genres de poteries à lustre
que nous venons d’examiner. Leur décor consiste généralement en inscriptions
et en rinceaux assez simples. Cette ornementation est dessinée au moyen d’un
lustre brun rouge, à reflet nettement violet; la couverte, qui forme des gouttes
épaisses au bas des pièces, est siliceuse. D’où proviennent ces vases 1, qui
diffèrent tout à fait de ce que Ton connaissait jusqu’à présent en matière de
céramique musulmane ? Il est, actuellement, impossible de le savoir ; les mar-
chands orientaux qui les apportent disent qu’elles proviennent de la Syrie, et,
quelque peu de cas que l’on doive faire de leurs assertions, il faut les en croire
pour le moment, en attendant que la question soit élucidée par des recherches
et des fouilles scientifiques. En tout cas, il ne semble pas qu’on en ait trouvé
jusqu'ici à Fostat.
On ne sait également rien de précis sur l’origine exacte d’une autre série de
faïences musulmanes, connue cependant depuis plus longtemps, et dont M. Wallis
publie quelques spécimens, encore que souvent on n’y trouve pas de lustre
métallique. Ce sont généralement de grandes pièces, vases ou bols, d’une terre
blanchâtre, grossière et épaisse, et dont la couverte est siliceuse ; elles ont pour
décor, soit des fleurs stylisées ou de fausses inscriptions, peintes en noir sous
une couverte bleue, soit des animaux ou des rinceaux peints en lustre métal-
lique sur une couverte bleue1 2, soit des bandes bleues ou vertes, avec des rinceaux
ou des animaux peints en noir verdâtre sous une couverte incolore3. Plusieurs
1. Wallis, fig. 2, 6, 7, 9, 13, 14, 17, 22. Toutes ces pièces se ressemblent tellement,
qu'elles doivent provenir d’un même centre de fabrication.
2. De beaux vases de ce genre appartiennent à Mme la comtesse R. de Béarn et à
M. Godman.
3. Cette peinture, dans la majorité des cas, est appliquée directement sur la terre,
sans engobe. Quelquefois un peu de rouge apparaît dans le décor. La couleur bleue, qui
est beaucoup plus fusible que le noir et le rouge, et qui est plus facilement absorbée par
la couverte siliceuse, a souvent coulé. Quelquefois aussi les pièces sont percées de
petits trous, que la couverte transparente bouche sans en supprimer l’effet, — technique
qui a été plus tard très employée par les Persans. Ajoutons que les plus anciennes