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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Cook, Herbert Frederick: Les trésors de l'art italien en Angleterre, 3,1, Raphae͏̈l et son école
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0197

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

thèse si contestée qui cherche dans ce sens la descendance artistique
de Raphaël reçoit une confirmation toute neuve.

On demandera, sans doute, quelle est la Trinité de Viti dont
nous parlons. La découverte récente de cette œuvre longtemps
perdue, faite dans l’église des Capucins de Milan, a bien plus d’im-
portance qu’on ne lui en a reconnu jusqu’ici L 11 est admis que c’est
bien le morceau mentionné par Vasari comme peint par Timotco
pour l’église de la Trinité d’Urbin ; Vasari indique, en outre, qu’il fut
exécuté peu après l’arrivée du peintre à Urbin,, en 1493.

N’est-il pas curieux, dès lors, de voir que la bannière de Raphaël
fut peinte aussi pour la confrérie de la Trinité de Città di Castello?
En tenant compte des analogies artistiques qui rapprochent les deux
œuvres et des relations historiques qui unissaient Urbin et Città di
Castello, il parait infiniment probable que Raphaël exécuta sa ban-
nière très peu de temps après que Viti eût terminé son tableau,
c’est-à-dire vers 1498 ou 1300. Cette conjecture se trouve d’ailleurs
confirmée par le fait qu’en 1499, la peste ravageant la ville, les Cas-
tellans firent le vœu d’accomplir un pèlerinage dès que la pesle
aurait cessé ; il est naturel de supposer que la confrérie ait alors
commandé une bannière de procession où devaient figurer saint
Roch et saint Sébastien, de qui la protection était spécialement
implorée contre le fléau2.

Je regarde donc la bannière de Città di Castello comme le trait
d’union cherché entre le style ferrarais et le style ombrien ; car il
serait oiseux de prétendre que l’auteur soit tout à fait indemne de
l’influence ombrienne. La forme de la mandorle, par exemple, rap-
pelle celle des mandorles de Pinturicchio, que Raphaël doit bien
avoir rencontré dès qu’il eut quitté Urbin. En somme, la Trinité de
la bannière représente un point de développement intermédiaire
entre la Trinité de Viti et la Crucifixion de Raphaël de la collection
Mond, peinte deux ou trois ans plus tard.

Nous voici donc arrivé à fixer ce point que Raphaël, de 1499
à 1300, est sous la dépendance artistique de Timoteo Viti, le peintre
delà cour d’Urbin. Nous avons vu que Viti aura tout naturellement
recommandé son jeune compatriote à l’attention des Castellans. Que
serait-ce si le jeune Raphaël eût été son élève?

Ainsi se trouvent déterminées les dates relatives de trois des

1. Sur ce tableau, voir Archivio storico dell’Arte, 1894, p. 183.

2. Voir E. Calziui, L’Arte wnhra del Rinascimento a Città di Castello. Rome,
1899.
 
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