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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Portalis, Roger: Claude Hoin, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0228

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CLAUDE II0IN

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passées. Il marche si doucement que je suis plus fatigué que si j’avais fait
plusieurs lieues. Nous venions de boire de la bière aux Champs-Elysées
lorsque nous avons rencontré Boichard. Il était seul; nous nous sommes
promenés aux Tuileries. Colson est allé aux Français....

En effet, le pauvre Colson tomba gravement malade, alors que
Claude Hoin était à Dijon pour mettre ordre à scs affaires, et pour-
tant le vieux peintre lui écrivait encore :

Mon cher compatriote, collègue et ami,

Depuis votre départ, j’ai presque toujours gardé la chambre_

(.suivent des détails de sa malaiie). D'après tout cela, vous voyez que
mon atelier de peintre est devenu un hôpital de sourds et d’aveugles. Vous
jugez que je n’ai point mis les pieds à nos assemblées littéraires et que je
n’ai point été chercher le tableau que vous avez laissé chez vous pour qu’on
me le remît. Cependant, aussitôt votre lettre reçue, j’ai été chez mon ami
Berthélemy, à qui j’ai remis la lettre de M. Devosge, en la lui recomman-
dant, mais elle est arrivée trop tard de deux jours. La direction du Musée
est tout à fait changée ; elle n’a conservé que Raimond l’architecte,
Lavallée secrétaire et Dufourni : ce dernier est en Italie et on attend son
retour. C’est M. Denon qui est directeur général de tous les Muséums de
France. C’est une place d’une trentaine de mille francs. On a conservé aux
membres remerciés la moitié de leur traitement. Voilà, comme vous voyez,
bien des changements dans les arts, leur déplacement du Louvre, les con-
servateurs du Muséum sans le moindre crédit par rapport à la distribution
des envois, etc.

Berthélemy a sur le champ envoyé la lettre de M. Devosge au secré-
taire général. Je souhaite que votre voyage ne soit pas long et qu’il

vous soit profitable dans tous les sens. Je conçois que c’est un grand plaisir
de revoir sa patrie et ses amis et parents. J’en juge par le plaisir que j’ai
à revoir mes anciens amis, même mes connaissances de jeunesse, car mal-
heureusement je n’ai de patrie que la France en général, puisque dès l’âge
de 14 mois j’ai cherché partout ma patrie et l’ai trouvée partout. Si j’avais
marqué parmi les hommes célèbres, presque toute la France se disputerait
l’avantage de m’avoir vu naitre, comme la Grèce à l’égard d’Homère. On
ne peut pas chercher des rapports à une plus grande distance, ni une com-
paraison plus riche. C’est de la célébrité au néant.

Je suis fâché que la saison ne vous fournisse pas les moyens de choisir
des aspects qui non seulement seraient intéressants pour vous, mais encore
pittoresques et agréables.

Adieu, croyez que personne ne vous est plus sincèrement attaché que
votre ami,

Colson.

Paris, ce 26 frimaire an xie.
 
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