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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Geffroy, Gustave: Jules Dalou
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0232

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218

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dans un décor de jeunes verdures avivées d’une tiède averse, et
parmi des Heurs à profusion. C’est l’hommage que l’on devait à ce
grand jardinier qui a sauvé tant d’aspects artificiels de nos prome-
nades et de nos squares en leur prodiguant les couleurs, les parfums,
les grâces des fleurs délicates et vivantes.

Quoi qu’il en soit, en réservant cette question des entours et
des circonstances qui jouent bien leur rôle lorsqu’il s’agit de tels
monuments publics, l’auteur et ses œuvres nous sollicitent, et c’est
à leur recherche qu’il nous faut aller. La vision de l’homme et le
rapide examen de sa vie d’artiste nous aideront peut-être à deviner
comment et pourquoi il a conçu les deux monuments qui sont
aujourd’hui d’actualité.

II

Ce n’est pas hors de chez lui, au hasard des rencontres du Salon,
de quelque séance de commission ou d’un tournant de rue, qu’il faut
voir un artiste. Le plus simple revêt quand même un certain carac-
tère représentatif, et, s’il n’est pas animé par une discussion et une
émotion, il est distrait en songeant au travail qu’il a laissé en train,
qui l'exalte ou qui le désespère, et dont l’obsession le suit partout
où il va et à travers tous les sujets de conversation. M. Dalou, toute-
fois, pour l’avoir seulement entrevu, me parut toujours un actif, un
inquiet, un ardent. Il a les yeux perçants, le regard direct, la parole
abondante, et s’il s’exprime avec bonhomie et accompagne souvent
ce qu’il dit d’un sourire, il n’en garde pas moins, sur son visage
émacié, une expression souffrante et amère. Cette expression, je ne
me charge naturellement pas de l’expliquer, et même il est impos-
sible de ne pas noter que si elle est vraiment inscrite sur la face
intelligente de l’homme, elle manque à ses œuvres, sauf à une seule,
qui est, il est vrai, une œuvre forcement douloureuse, une statue de
gisant : Auguste Blanqui couché sur la pierre du tombeau. Il faut
bien ici, sans dire un mot de politique, en restant au seul point de
vue historique, et dans le seul examen des rapports de l’art avec
la vie, il faut bien, dis-je, remarquer qu’il y a en M. Jules Dalou un
homme de ce temps, qui a connu, partagé les passions de ce temps,
qui est intervenu, pour sa part, dans les querelles sociales, et qui a
pris, un certain jour, attitude de révolte et de combat. Si cela se
passait sous silence, la biographie de l’artiste en perdrait sa signi-
fication. Il est évident que, comme beaucoup d’hommes de sa géné-
 
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