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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 4
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Portalis, Roger: Claude Hoin, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0316

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dans un portrait au crayon1 tout encadré de fleurs mêlées aux flèches
et au carquois de l’Amour. « A la plus belle », n’a-t-il pas manqué
d’inscrire sur son dessin, daté de 1783 ; mais, vingt ans après, de cet
ardent amour il ne restait plus qu'une franche amitié. La femme
d’Edme Gois, Bourguignonne en outre, créait un lien de plus entre
eux ; aussi, en sortant de ses sociétés d’artistes, du Lycée, de
l’Athénée des Arts, ne manquait-il pas d’entrer dans l’atelier du
Louvre, sûr d’y être bien reçu. On voulait même l’y marier :

Je suis venu de l’Athénée chez Gois, d’où j’arrive. Là on m’a parlé d’un
mariage avec une jeune personne de 20 ans. Voilà ce qui s’appelle du joli.
Tu penses bien que j’ai répondu à cela par des plaisanteries. Je te racon-
terai cela demain, si j’ai le plaisir de te voir. Surtout que ça ne t’empêche
pas de dormir.

C’est à la jeune femme justement rencontrée chez les Gois, et
qui s’est laissé toucher par son amour, qu'il fait cette confidence et
qu'il rapporte cet autre incident où il est question d’elle et dont le
récit forme comme un petit tableau de genre où figure Lemoine,
sans doute le charmant dessinateur auquel nous devons le portrait
de la Duthé.

10 h. 3/4, c’est te dire que j’arrive de chez Gois. Mon « objet » m’a
donné un billet de l’Institut et m’en fait espérer un autre demain pour ma
cousine. Jusqu’à présent, ça va bien, pourvu que ton arrangement pittoresque
ne t’empêche pas de venir. Quand mon « objet » a été parti, nous avons
causé. Lemoine y était et m'a appris que la dame que je prenais pour sa
femme est sa sœur et qu’il est veuf, qu’il a deux demoiselles. Gois fils qui ne
doute de rien et parle toujours et avec assurance, m’a dit sans préambule :
Voilà une femme à épouser. Je me suis réclamé sur la jeunesse et Lemoine
a dit comme moi. J’ai dit que j’étais trop vieux pour me marier. Là-dessus
le père Gois a dit non, mais si c’était une personne de 30 ans, ça vous
conviendrait bien. Le fils a repris la parole là-dessus : Mme Lefort vous
conviendrait bien. Je t’avoue que je n’étais pas préparé à cette bombe qui
m’a déconcerté pour le moment. Je me suis remis sur-le-champ et ai dit :
Elle est trop jeune pour moi. Alors les trois Gois m’ont assuré que non.
Tu juges de l’embarras où j’ai été ! Je me suis tu et ai changé la conver-
sation. Oh! Amélie qu’il en coûte à parler contre sa façon de penser, sur-
tout quand on touche une corde aussi délicate.

Et ceci nous amène à un moment décisif de sa vie, alors que
l’artiste, insouciant jusque là, après avoir papillonné de fleur en
fleur, éprouve le besoin de faire une fin. lloin a cinquante ans bien

i. Collection de M. le général Darras, au château d’Arsonval (Aube).
 
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