L’ART EN POLOGNE
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présente dans son érudite étude, et il est intéressant d’autant plus
que de nombreuses gravures, très heureusement choisies par l’au-
teur, alternent avec le texte et achèvent d’instruire le lecteur. Nous
citerons, entre autres : la Décollation de sainte Catherine, par Hans
von Kulmbach; Y Assomption de l’église de Notre-Dame, partie centrale
du grand retable en bois sculpté de Veit Stoss ; la Danse d’Hérodiade,
fragment du triptyque de Saint-Florian, de la même école ; la plaque
de bronze gravée du tombeau du cardinal Frédéric, appartenant à la
dernière période du style gothique et d’une extrême richesse d’orne-
mentation ; le monument pareillement en bronze de Séverin Boner,
aux formes massives, un peu lourd d'exécution ; le mausolée de Barbe
Tarnowska, dans l’église de Tarnow, chef-d’œuvre italien d’un maître
inconnu, et la riche iconostase de l’église catholique-grecque de
Rohatyn, toute resplendissante de l’éclat de ses quarante-sept icônes.
Parmi les œuvres modernes, le Portrait de Mme Rodakowsha,
peint avec amour par son fils, Henri Rodakowski ; La Prière,
d’Alexandre Kotsis, dont la note agreste et religieuse fait songer à
Y Angélus de Millet, et la magnifique gravure La Forêt, qui ouvre une
suite de dessins intitulée Lituania, due au crayon d’Arthur Grotger.
A contempler cette page puissante, il vous prend comme lin frisson
de terreur. Elle dort, la vieille forêt lithuanienne, pleine d’ombre,
de silence et de mystère, et entre les arbres séculaires passe, comme
un souffle impalbablc, le fantôme diaphane de la Mort, lugubre
messager des prochaines catastrophes et des sanglantes hécatombes.
Et, pour terminer dignement, arrêtons-nous à Jean Matejko.
Voici, avec les rares défauts et les grandes qualités du peintre, la
Diète de Varsovie en 1773, tableau conservé au Musée de Vienne, où
le maître, en même temps qu’il cloue au pilori infamant de l’his-
toire les hontes et les défaillances de l’heure suprême, consacre pour
l’immortalité l’héroïque figure de Reytan. Voici encore un magistral
dessin, de recherche archaïque et d’accent tout moderne, où Hedwige
l’Angevine, le sceptre en main, le front ceint de la couronne ileur-
delysée, allie à la majesté de la reine l’éclatante beauté de la femme.
Voici, enfin, l’un de ces anges qui déploient leurs ailes frémis-
santes aux murailles polychromes de Notre-Dame et chantent sur la
harpe d’or les gloires de la Vierge Marie.
LOUIS FOURNIER
(La suite prochainement.)
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présente dans son érudite étude, et il est intéressant d’autant plus
que de nombreuses gravures, très heureusement choisies par l’au-
teur, alternent avec le texte et achèvent d’instruire le lecteur. Nous
citerons, entre autres : la Décollation de sainte Catherine, par Hans
von Kulmbach; Y Assomption de l’église de Notre-Dame, partie centrale
du grand retable en bois sculpté de Veit Stoss ; la Danse d’Hérodiade,
fragment du triptyque de Saint-Florian, de la même école ; la plaque
de bronze gravée du tombeau du cardinal Frédéric, appartenant à la
dernière période du style gothique et d’une extrême richesse d’orne-
mentation ; le monument pareillement en bronze de Séverin Boner,
aux formes massives, un peu lourd d'exécution ; le mausolée de Barbe
Tarnowska, dans l’église de Tarnow, chef-d’œuvre italien d’un maître
inconnu, et la riche iconostase de l’église catholique-grecque de
Rohatyn, toute resplendissante de l’éclat de ses quarante-sept icônes.
Parmi les œuvres modernes, le Portrait de Mme Rodakowsha,
peint avec amour par son fils, Henri Rodakowski ; La Prière,
d’Alexandre Kotsis, dont la note agreste et religieuse fait songer à
Y Angélus de Millet, et la magnifique gravure La Forêt, qui ouvre une
suite de dessins intitulée Lituania, due au crayon d’Arthur Grotger.
A contempler cette page puissante, il vous prend comme lin frisson
de terreur. Elle dort, la vieille forêt lithuanienne, pleine d’ombre,
de silence et de mystère, et entre les arbres séculaires passe, comme
un souffle impalbablc, le fantôme diaphane de la Mort, lugubre
messager des prochaines catastrophes et des sanglantes hécatombes.
Et, pour terminer dignement, arrêtons-nous à Jean Matejko.
Voici, avec les rares défauts et les grandes qualités du peintre, la
Diète de Varsovie en 1773, tableau conservé au Musée de Vienne, où
le maître, en même temps qu’il cloue au pilori infamant de l’his-
toire les hontes et les défaillances de l’heure suprême, consacre pour
l’immortalité l’héroïque figure de Reytan. Voici encore un magistral
dessin, de recherche archaïque et d’accent tout moderne, où Hedwige
l’Angevine, le sceptre en main, le front ceint de la couronne ileur-
delysée, allie à la majesté de la reine l’éclatante beauté de la femme.
Voici, enfin, l’un de ces anges qui déploient leurs ailes frémis-
santes aux murailles polychromes de Notre-Dame et chantent sur la
harpe d’or les gloires de la Vierge Marie.
LOUIS FOURNIER
(La suite prochainement.)