366
GAZETTE DES BEAUX ARTS
a paru oiseux d’éterniser en leur forme surannée des opinions assu-
rément très nobles, mais que la science récente, toute de critique et
d’observation rigoureuse, a droit de juger définitivement prescrites.
Sans doute, la méthode de conservation dite respectueuse s’accorde
merveilleusement avec certains dépôts spéciaux. Elle nous a gardé la
Laurentienne, le logis des Plantin, et, pour parler de France, à deux
pas de Blois, le château de Beauregard et son incomparable galerie
où Versailles a puisé une majorité de portraits pseudo-historiques.
11 serait à désirer que pareille méthode persistât à Chantilly; on l’eût
souhaitée à Chenonceaux, u
la Mal maison ou à Azay-le-
Rideau ; pour ces maisons
particulières, F immutabilité
hiératique est une raison
d’être et surtout une sauve-
garde. Après un ou deux siè-
cles, les « reconstituants »
s’en vont chercher là des
intimités ou des figures dis-
parues, comme à Beauregard
ce cabinet exquis où de vieux
hommes rangés au mur, ac-
crochés là par messire Paul
Ardier, il y aura bientôt trois
cents ans, nous jettent le
pareil sourire que jadis à
FRANÇOISE DE LONGAYY, AMIRALE DE BHION 1 1
BAR CORNEILLE DE LYON MaïUOIl PelOTOie.
(Musce de Versailles.) Nulle Collection d’État
n’est assurée de cette béatitude conventuelle ; c’a été pour le musée
de Versailles, de soixante-dix ans en çà, une destination maussade,
celle de réceptacle obligé de portraits ou de scènes, avec la soumis-
sion vraiment douloureuse de garder l’encombrement pour soi et
d'abandonner au Louvre les œuvres reconnues supérieures. Par
suite, les choses sans valeur installées dès la première heure s’y
conservaient à jamais, et c’était en vérité un peu faire injure aux
idées récentes, au progrès, à tout ce que nous apprennent les livres
maintenant dès le collège, que ces théories de personnages roman-
tiques affublés de noms de croisades, rois, maréchaux ou parlemen-
taires, macédoine incohérente de costumes, d’époques, de faits
controuvés, d’hérésies monstrueuses, faussant le jugement de trois
GAZETTE DES BEAUX ARTS
a paru oiseux d’éterniser en leur forme surannée des opinions assu-
rément très nobles, mais que la science récente, toute de critique et
d’observation rigoureuse, a droit de juger définitivement prescrites.
Sans doute, la méthode de conservation dite respectueuse s’accorde
merveilleusement avec certains dépôts spéciaux. Elle nous a gardé la
Laurentienne, le logis des Plantin, et, pour parler de France, à deux
pas de Blois, le château de Beauregard et son incomparable galerie
où Versailles a puisé une majorité de portraits pseudo-historiques.
11 serait à désirer que pareille méthode persistât à Chantilly; on l’eût
souhaitée à Chenonceaux, u
la Mal maison ou à Azay-le-
Rideau ; pour ces maisons
particulières, F immutabilité
hiératique est une raison
d’être et surtout une sauve-
garde. Après un ou deux siè-
cles, les « reconstituants »
s’en vont chercher là des
intimités ou des figures dis-
parues, comme à Beauregard
ce cabinet exquis où de vieux
hommes rangés au mur, ac-
crochés là par messire Paul
Ardier, il y aura bientôt trois
cents ans, nous jettent le
pareil sourire que jadis à
FRANÇOISE DE LONGAYY, AMIRALE DE BHION 1 1
BAR CORNEILLE DE LYON MaïUOIl PelOTOie.
(Musce de Versailles.) Nulle Collection d’État
n’est assurée de cette béatitude conventuelle ; c’a été pour le musée
de Versailles, de soixante-dix ans en çà, une destination maussade,
celle de réceptacle obligé de portraits ou de scènes, avec la soumis-
sion vraiment douloureuse de garder l’encombrement pour soi et
d'abandonner au Louvre les œuvres reconnues supérieures. Par
suite, les choses sans valeur installées dès la première heure s’y
conservaient à jamais, et c’était en vérité un peu faire injure aux
idées récentes, au progrès, à tout ce que nous apprennent les livres
maintenant dès le collège, que ces théories de personnages roman-
tiques affublés de noms de croisades, rois, maréchaux ou parlemen-
taires, macédoine incohérente de costumes, d’époques, de faits
controuvés, d’hérésies monstrueuses, faussant le jugement de trois