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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
partie de ces œuvres de la bonne Mademoiselle de Guise, sa pro-
tectrice, sa souveraine et son amie dévouée, que Mademoiselle de
Guise elle-même les avait reçues en héritage des princes de Lor-
raine, et que les Lorrains, par Christine, grande-duchesse de Tos-
cane, par le duc de Mayenne et Catherine de Montpensier sa sœur,
les avaient plus ou moins directement tirées des chambres aux pein-
tures de Catherine de Médicis après le décès de la vieille reine', ce
serait, je pense, une mention sensationnelle, capable de plonger
M. de Nolhac dans une grande
joie, et d’inspirer aux visiteurs
plus de considération ulté-
rieure. Je réserve la discussion
de cette note nouvelle et im-
prévue ; elle contribuera, je
l’espère, à montrer combien le
jeune et actif conservateur du
musée de Versailles suivait une
inspiration heureuse quand,
sans entendre les observations
de contradicteurs, il allait de
l’avant et marchait à son but.
II
Longtemps avant leur dé-
finitive et irrévocable instal-
lation au musée, entre 1833 et
1839, par les soins du roi Louis-
Philippe, ces documents hors
de pair, uniques, avaient étran-
gement voyagé. Réunis par Gaignières, d’abord placés par lui dans son
logement de l’hôtel de Guise, ils avaient été transportés rue de Sèvres,
vis-à-vis l’hospice des Petits-Ménages. Cédés, en 1711, au roi Louis XIV
par le vieux collectionneur avec tous les manuscrits, les dessins et
les estampes aujourd’hui conservés à la Bibl iothèque Nationale, mais
jugés indignes, par les experts royaux, de figurer dans les musées,
les tableaux avaient été livrés à l’encan, le 21 juillet 1717, dans le
logis du généalogiste Clairambault sur la place des Victoires1. Or,
1. C1‘. Charles de Grandmaison: Gaignières, scs correspondants et scs collections
de portraits. Niort, Clouzot, 1892, in-8°-. Il faut lire et relire cette magistrale
étude écrite sur les collections de Roger de Gaignières. M. de Grandmaison, c’est
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
partie de ces œuvres de la bonne Mademoiselle de Guise, sa pro-
tectrice, sa souveraine et son amie dévouée, que Mademoiselle de
Guise elle-même les avait reçues en héritage des princes de Lor-
raine, et que les Lorrains, par Christine, grande-duchesse de Tos-
cane, par le duc de Mayenne et Catherine de Montpensier sa sœur,
les avaient plus ou moins directement tirées des chambres aux pein-
tures de Catherine de Médicis après le décès de la vieille reine', ce
serait, je pense, une mention sensationnelle, capable de plonger
M. de Nolhac dans une grande
joie, et d’inspirer aux visiteurs
plus de considération ulté-
rieure. Je réserve la discussion
de cette note nouvelle et im-
prévue ; elle contribuera, je
l’espère, à montrer combien le
jeune et actif conservateur du
musée de Versailles suivait une
inspiration heureuse quand,
sans entendre les observations
de contradicteurs, il allait de
l’avant et marchait à son but.
II
Longtemps avant leur dé-
finitive et irrévocable instal-
lation au musée, entre 1833 et
1839, par les soins du roi Louis-
Philippe, ces documents hors
de pair, uniques, avaient étran-
gement voyagé. Réunis par Gaignières, d’abord placés par lui dans son
logement de l’hôtel de Guise, ils avaient été transportés rue de Sèvres,
vis-à-vis l’hospice des Petits-Ménages. Cédés, en 1711, au roi Louis XIV
par le vieux collectionneur avec tous les manuscrits, les dessins et
les estampes aujourd’hui conservés à la Bibl iothèque Nationale, mais
jugés indignes, par les experts royaux, de figurer dans les musées,
les tableaux avaient été livrés à l’encan, le 21 juillet 1717, dans le
logis du généalogiste Clairambault sur la place des Victoires1. Or,
1. C1‘. Charles de Grandmaison: Gaignières, scs correspondants et scs collections
de portraits. Niort, Clouzot, 1892, in-8°-. Il faut lire et relire cette magistrale
étude écrite sur les collections de Roger de Gaignières. M. de Grandmaison, c’est