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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Rais, Jules: Le salon de 1900, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0533

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LE SALON DE 1900

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qu’on souhaiterait plus subtils. Si les bijoutiers paraissent ignorer
les précieuses violences d’un Cros et la palette des céramistes, ces
rouges épais gouttelés de bleu que M. Dufresne emprunte à Mrae Les-
bros et à M. Dalpayrat, les bleus fanés, les verts cendreux dont
M. Bigot revêt les figurines de M. de Manneville, les grès glauques
de M. Michelet, la pourpre triste des flambés de M. Malo, et ces émaux
de MM. d'Eaubonne et Milet comme trempés dans des reflets d’eaux
grises, les médailleurs se satisfont le plus souvent d’une tâche de por-
traitistes : que ne se souviennent-ils des broches de M. Chéret, de
M. Prouvé, au lieu d’alourdir les allégories de Dupuy, de niaiser les
apothéoses de M. Roty? M. Roiné, par une plaquette d’un labeur
acharné et d’un incontestable talent, les avertit que la charade les
guette : le thème 1900 s’y aggrave de ces trois sous-titres : « La France
s inspirant de ses vertus civiques et Paris capitale du monde se pré-
parent et invitent les nations au tournoi international pour fêter
dignement le nouveau siècle. — L’art touché d’esthétique fait pacte
avec l’industrie de créer des merveilles écrasant la routine par le
progrès. — La transmission des connaissances humaines pousse
l’ardente jeunesse à dévoiler la science perpétuant l’amour des
découvertes. » Mais la gloire de notre école de glyptique revendique
trois plaquettes frustes, douces, modelées dans les tendresses de la
pénombre par M. Yencesse : Anne la folle, surtout Virginie la sage,
Pierrette la pauvre, et les inspirations mélancoliques et chantantes
de M. Jampolsky.

Par l’énergie de la gravure, par des colorations métalliques,
par le tumulte savant de mosaïques illuminées de patines et de
gemmes troubles, M. Benedictus donne un accent nouveau au cuir ;
M. Seguy apaise au contraire l’austérité de son aspect par des ors
verdis et la franche souplesse d’un dessin fleuri. Seul ici il excelle
au décor des soies. Quand les arts de la femme retiennent si mal et
si peu l’artiste, s’étonnera-t-on que ceux du meuble soient aban-
donnés? Un lit de M. Drogue, orné d’applications de cuivre découpé,
ne peut être loué sans réserves. Le meuble à musique en bois teinté
et pyrogravé de MM. Baumann n’est que de la menuiserie pitto-
resque. Rien que des fragments encore ici, des recherches tâton-
nantes et de détail.

V

On demande déjà : la photographie est-elle un art ? Si les « opé-
rateurs » esthètes doivent envahir les Salons, grâces en soient —
 
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