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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à peine : tant semble indissolublement uni à ces œuvres mignonnes,
durant de longues années, un peu de son âme ! Le magnifique prêt
temporaire de M. F. Doistau a donné tout à coup à la série du
Louvre, qui n'est pas encore des plus abondantes, un éclat incom-
parable. Ce fut ici de beaucoup le grand événement, apportant tout
un surcroît de richesses inattendues. Les deux précieuses vitrines
installées dans la salle des pastels ne permettent pas, en effet,
seulement d'honorer mieux qu’ils ne l’ont jamais été des maîtres
exquis, comme Hall, Fragonard ou Lavreince, et de rendre un
non moins digne hommage à leurs nombreux successeurs, mais
encore de découvrir de multiples raretés d’artistes oubliés ou in-
connus, qu'un goût délicat s’est ingénié à réunir. Comment ne pas
souhaiter ardemment qu’un ensemble, de valeur aussi inappréciable
pour un musée, prenne la douce habitude de ne plus quitter de
longtemps la place, s’il peut même l’abandonner jamais, où l’ama-
bilité du collectionneur a bien voulu le fixer ?
Les dons ont, du reste, très anciennement coutume d'apporter,
dans cette série, d’année en année quelque pièce nouvelle, et la
source d'enrichissement ne semble pas près de se tarir. C'est en
grande partie au concours toujours si intelligemment dévoué de la
Société des Amis du Louvre qu’est due l’acquisition de la charmante
miniature d’Augustin (Portrait de Fanny Charrin) dont nous
parlions ici même il y a deux ans1, et que Mme Malo-Renault, malgré
les difficultés de l’entreprise, a mis toute son adresse à transcrire en
couleurs pour les lecteurs de la Gazette, dans la brillante et vivante
image ci-jointe. L'œuvre ne fut qu’ébauchée en un hardi premier
jet, mais où l'aimable élève et amie du peintre revit excellemment
dans la fraîche ardeur de sa jeunesse, prenant une de ces poses sen-
timentales dont l'art du temps était prodigue. Il n’était que juste de
fêter cette esquisse délicieuse par une reproduction choisie. Non loin
d’elle est venu se placer tout un lot de miniatures léguées par
M. Edmond Rousse, de l’Académie française, en même temps que
deux vives et alertes cires de Clodion [Jeux de Bacchantes et de
Satyres, en bas-relief). Cet ensemble, qui est actuellement exposé
dans une des salles de meubles du xvme siècle, est presque entiè-
rement composé de souvenirs de famille. On y retrouve des œuvres
d’Augustin et de sa femme, miniaturiste comme lui ; mais ce qui
1. Gazette des Beaux-Arts, 1907,1.1, p. 22. — Cf. également J. Guiffrey, Deux minia-
tures d’Augustin au musée du Louvre (Musées et Monuments de France, 1906, n° 6).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à peine : tant semble indissolublement uni à ces œuvres mignonnes,
durant de longues années, un peu de son âme ! Le magnifique prêt
temporaire de M. F. Doistau a donné tout à coup à la série du
Louvre, qui n'est pas encore des plus abondantes, un éclat incom-
parable. Ce fut ici de beaucoup le grand événement, apportant tout
un surcroît de richesses inattendues. Les deux précieuses vitrines
installées dans la salle des pastels ne permettent pas, en effet,
seulement d'honorer mieux qu’ils ne l’ont jamais été des maîtres
exquis, comme Hall, Fragonard ou Lavreince, et de rendre un
non moins digne hommage à leurs nombreux successeurs, mais
encore de découvrir de multiples raretés d’artistes oubliés ou in-
connus, qu'un goût délicat s’est ingénié à réunir. Comment ne pas
souhaiter ardemment qu’un ensemble, de valeur aussi inappréciable
pour un musée, prenne la douce habitude de ne plus quitter de
longtemps la place, s’il peut même l’abandonner jamais, où l’ama-
bilité du collectionneur a bien voulu le fixer ?
Les dons ont, du reste, très anciennement coutume d'apporter,
dans cette série, d’année en année quelque pièce nouvelle, et la
source d'enrichissement ne semble pas près de se tarir. C'est en
grande partie au concours toujours si intelligemment dévoué de la
Société des Amis du Louvre qu’est due l’acquisition de la charmante
miniature d’Augustin (Portrait de Fanny Charrin) dont nous
parlions ici même il y a deux ans1, et que Mme Malo-Renault, malgré
les difficultés de l’entreprise, a mis toute son adresse à transcrire en
couleurs pour les lecteurs de la Gazette, dans la brillante et vivante
image ci-jointe. L'œuvre ne fut qu’ébauchée en un hardi premier
jet, mais où l'aimable élève et amie du peintre revit excellemment
dans la fraîche ardeur de sa jeunesse, prenant une de ces poses sen-
timentales dont l'art du temps était prodigue. Il n’était que juste de
fêter cette esquisse délicieuse par une reproduction choisie. Non loin
d’elle est venu se placer tout un lot de miniatures léguées par
M. Edmond Rousse, de l’Académie française, en même temps que
deux vives et alertes cires de Clodion [Jeux de Bacchantes et de
Satyres, en bas-relief). Cet ensemble, qui est actuellement exposé
dans une des salles de meubles du xvme siècle, est presque entiè-
rement composé de souvenirs de famille. On y retrouve des œuvres
d’Augustin et de sa femme, miniaturiste comme lui ; mais ce qui
1. Gazette des Beaux-Arts, 1907,1.1, p. 22. — Cf. également J. Guiffrey, Deux minia-
tures d’Augustin au musée du Louvre (Musées et Monuments de France, 1906, n° 6).