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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 4.1907 (Nr. 77-100)

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Supplement au Nr. 80
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En Belgique, [2]: La lutte des pierres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17229#0034

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26

moment, que les chancelleries sont saisies de
la situation et que les premières démarches
officielles ont été faites. Nous y reviendrons
plus tard, lorsque nous serons dégagés du
secret, mais nous tenions à signaler le fait
pour prouver que nous jugions bien, il y a
quinze jours, en attribuant aux adjurations
qu'adressait le président de la Chambre de
commerce française à Bruxelles aux carriers
belges, une allure officieuse. Cet a,ppel n'a
pas été entendu. On y a répondu par des
jeux de.... noms déplacés et la campagne des
maîtres de carrières de pierres bleues s'est
plus que jamais exacerbée.

Voilà le beau résultat acquis!

Avec un calme et une patience remar-
quables, dignes du haut esprit diplomatique
qui dans tant de situations délicates sut con-
cilier les intérêts du pays dont il'représente
l'industrie et le commerce et la Belgique,
M. Ch. Rolland jette à nouveau le cri d'alarme,
déjà trop tardif, craignons-nous. Il croit
utile de rappeler encore sou intervention
en 1890, les situations d'alors et d'à présent
étant identiques.

On trouvera dans la Revue Générale de la
Construction, page 60, jointe au présent nu-
méro, de très concluants extraits du Bulletin
de la Chambre de Commerce française à Bru-
xelles. Nous prions les intéressés de les lire
attentivement.

Pour égarer les esprits on a répété à'tort et
à travers que les pierres bleues belges sont
radicalement proscrites des travaux exécutés
en France par les villes et l'Etat.

C'est un mensonge absolu ajouté à beau-
coup d'autres et nous le prouvons immédia-
tement en ne citant que les travaux que
nous avons présents à la mémoire.

La liste de ces travaux se trouve égale-
ment dans la Revue Générale de la Construction
d'aujourd'hui, page 61.

Esthétique

11 est inadmissible qu'on impose à un
architecte une pierre quelconque sans tenir
compte de l'effet décoratif à obtenir. Qu'entre
plusieurs pierres blanches on lui impose une

variété déterminée, soif! Qu'on fasse de
même pour les pierres jaunes, grises, bleues,
noires, etc., c'est parfaitement logique. Mais
que l'on impose à tous les architectes, d'une
façon arbitraire, quels que soient le style, la
forme et la destination des monuments, la
pierre de teinte uniforme qui est vendue par
des producteurs influents auprès du gouver-
nement, il y a là un abus.

C'est ainsi qu'il n'est jamais entré dans
l'idée de personne d'imposer spécialement
l'Euville marbrière, mais il estévident qu'une
pierre d'effet décoratif similaire et de durée
éprouvée doit pouvoir lui être substituée.

M. Girault dut subir — et il le fit avec une
étonnante souplesse — le veto des Ecaussinois
en employant la pierre bleue dans sa fameuse
arcade du Cinquantenaire. Glorifier l'indépen-
dance belge en ne se laissant pas imposer la
pierre nationale eût été un crime de lèse-
esthétique dont l'univers entier eût frémi ! Et
cependant le char qui domine l'attique vient
d'Allemagne.

Pauvre arcade! Ce n'est plus un monument;
c'est une carrière de pierres. On pense
d'ailleurs à la réparer, à essayer de lui don-
ner la grande allure qui lui manque essentiel-
lement, avec ses colonnes qui semblent des
boudins noirs ficelés par les gros joints mal
faits et suant l'humidité presque toute
l'année.

Par ailleurs, on chambarde déjà le château
du roi, à Laeken, et cela ne nous surprend
pas. Il faut avouer que les architectes belges
ont fait des monuments autrement beaux en
utilisant la pierre de France, et que ces mo-
numents seront heureusement plus durables
que les œuvres des architectes français
employant la pierre belge. Aussi comprenons-
nous que les premiers ne veuillent pas tomber
dans l'erreur des seconds.

Voyons maintenant l'esthétique posthume,
car les monuments doivent pouvoir vieillir
avec grâce, comme les jolies femmes. Bisons
tout d'abord que les pierres blanches y met-
tent infiniment plus de temps que les pierres
bleues, et nous le prouverons plus loin.
Ensuite que si elles finissent fatalement par
se désagréger, c'est en poussière que le vent
 
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