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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 4.1907 (Nr. 77-100)

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Supplement au Nr. 91
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Le marbre artificiel
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https://doi.org/10.11588/diglit.17229#0128

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lie marbre artificiel

De nombreux journaux ont reproduit la
formule pour la fabrication du marbre arti-
ficiel donnée dans un de nos précédents nu-
méros. Ces journaux nous citaient, nous
nous empressons de le dire, car ils sem-
blaient, par le fait, nous donner la paternité
du procédé.

Or, cette formule avait été prise au hasard
des mille et une brevetées chaque jour et
disparaissant aussitôt nées.

Nous ne lui avions pas accordé plus de
valeur qu'à toutes les autres, car l'industrie
marbrière n'a rien à craindre de toutes ces
imitations. Bien au contraire, elles mettent
le marbre en valeur, en vertu du dicton qui
veut que l'imitation soit un hommage rendu
au naturel.

Quelques-uns de ces procédés font sourire;
d'autres stupéfient, telle, par exemple, la
« Transformation des pierres calcaires en
marbre artificiel (???) » que cinq personnes
en une seule fois viennent de faire breveter.

Nous nous étions dispensés, en publiant
cette formule, de longs commentaires; un
confrère, le Républicain Orléanais, s'en charge,
dans un style si spirituel et si logique
que nous nous faisons un plaisir de le repro-
duire :

« Il ne faudrait pas croire que la société
française fut exactement divisée en deux
classes distinctes d'individus : d'un côté
les fraudeurs et de l'autre les fraudés ;
d'une part les exploiteurs, et d'autre part
les poires. Les choses ne vont pas si sim-
plement que cela, et les hommes sont
eux-mêmes plus complexes. En réalité,
la fraude est réciproque, l'exploitation
s'exerce de part et d'autre; on est toujours
la poire de quelqu'un, et chacun mord à
belles dents dans quelque poire. Et l'équili-
bre se fait, non sans quelques tiraillements
et force criailleries de part et d'autre.

» On fraude beaucoup sur les denrées ali-

mentaires, c'est connu. Mais fabricants de
vins frelatés, minotiers fraudeurs, épiciers
falsificateurs sont eux-mêmes soumis aux
coups de fraudeurs d'autre sorte, non moins
ingénieux et non moins coupables, qui excel-
lent à substituer l'art à la nature dans les
produits les plus variés. Nul n'est assuré de
boire du vin de raisin, de manger du pain de
froment, de consommer du lait de vache,
mais aucun homme enrichi dans le commerce
du vin de sucre, du pain de talc, du lait de
fontaine, ne peut dire avec certitude : « Je
» reposerai, quand je serai mort, dans une
» tombe de marbre véritable. »

» Car on fabrique du marbre artificiel,
comme on fabrique tant d'autres choses. Ce
marbre artificiel est un composé de plâtre,
d'alun pulvérisé, de colle forte. Quelques
manipulateurs — ce sont les plus conscien-
cieux, j'allais dire les plus naïfs —y ajou-
tent de la poudre de marbre, mais c'est bien
inutile. Avec cette mixture, additionnée
d'eau, on confectionne une pâte qui, en se
desséchant, acquiert l'aspect du marbre
naturel.

» Le marbre artificiel ainsi fabriqué est
livré au commerce sous forme de plaques
destinées au revêtement des murs d'appar-
tement ou encore à la confection de pla-
teaux pour tables ou de dalles d'apparte-
ments, mais rien n'empêche, je pense, d'en
faire des cheminées ou même des tombeaux
de famille, ainsi que je l'indiquais plus
haut.

» Place donc au marbre artificiel, qui
revendique un rang légitime parmi les
« similis » de toute sorte qui font la gloire
de notre siècle. Je regrette seulement que
clans la composition de cet ingénieux produit
on n'ait pas eu l'idée de mettre un peu de
farine. Puisqu'on fait du pain avec de la
poudre de marbre, il serait piquant de faire
du marbre avec de la poudre de froment. »
 
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