DOI Heft:
Supplement au Nr. 81
DOI Artikel:En Belgique, [3]: La lutte des pierres
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article signé par un architecte réputé, l'arti- cat; mêmes menaces, etc., etc. Ils ont aussi
cle fût-il ancien ou nouveau. résisté.
Par contre, si nous nous reportons aux Au moment de l'Exposition de Liège,
dernières polémiques publiées sur la matière, M. Soubre a souffert de la même campagne
nous voyous le syndicat des pierres bleues de pression éhontée, à propos du palais des
sortir les mêmes arguments de patriotisme Beaux-Arts.
intéressé. L'an dernier, le talentueux archi- M. Maquet peut donc se consoler; il n'est pas
tecte Van Mechelen a été la victime d'une seul à souffrir, et d'autres architectes de
campagne de menaces et d'outrages pour le talent ont été torturés au nom du patriotisme
nouveau Théâtre lyrique d'Anvers; mais il et tramés dans la boue avant lui.
Le syndicat a des ramifications partout
et il emploie des arguments de grand chemin.
Il constitue en réalité une bande dangereuse
pour la sécurité de tous les architectes.
La pierre bleue donne aux monuments un
aspect uniforme et sinistre à faire pleurer.
Elle se patine un peu avec le temps, mais
c'est au moment où elle va s'effondrer. Il est
donc bizarre que certains polémistes aient
pensé à reprocher le manque d'effets d'ombre
aux monuments en pierre blanche. C'est là
un contre-sens évident, et un artiste très
compétent dans la grande sculpture d'archi-
tecture nous disait récemment : « L'ombre
dans la pierre bleue? C'est un combat de
nègres dans la nuit ! »
On reproche à la pierre blanche de garder
la poussière. Croyez-vous que ce soit un
reproche adroit? Ne pensez-vous pas que la
pierre bleue la reçoive et la garde tout autant?
Mais dans celle-ci, on ne la voit pas. Et cette
poussière adhérente à la pierre blanche, fai-
sant opposition aux parties blanches lavées
par la pluie, ne donne-t-elle pas précisément
ces effets de relief, d'ombre et de lumière qui
manqueraient vraiment trop souvent si on
devait attendre pour les produire les effets
d'un soleil trop rare en Belgique?
Au point de vue économique :
Fontaine de jardin La question des prix joue toujours un rôle
important dans le choix des pierres. Il est
n'a pas voulu céder et il a bravement main- évident qu'en carrière, les pierres dures
tenu la pierre blanche au nom de l'esthétique; françaises ont un prix de revient à peu près
plus récemment, les architectes Van Géluwe égal au prix des pierres bleues. Mais les
et de Noyette, qui avaient prescrit les pierres frais de transport grèvent certainement les
blanches du grand-duché de Luxembourg pierres françaises bien plus que les pierres
pour la nouvelle cathédrale d'Arlon, ont été bleues, pour un emploi en Belgique, s'en-
en butte à la même campagne du même syndi- tend; la différence peut aller de 20 à 60 fr.
article signé par un architecte réputé, l'arti- cat; mêmes menaces, etc., etc. Ils ont aussi
cle fût-il ancien ou nouveau. résisté.
Par contre, si nous nous reportons aux Au moment de l'Exposition de Liège,
dernières polémiques publiées sur la matière, M. Soubre a souffert de la même campagne
nous voyous le syndicat des pierres bleues de pression éhontée, à propos du palais des
sortir les mêmes arguments de patriotisme Beaux-Arts.
intéressé. L'an dernier, le talentueux archi- M. Maquet peut donc se consoler; il n'est pas
tecte Van Mechelen a été la victime d'une seul à souffrir, et d'autres architectes de
campagne de menaces et d'outrages pour le talent ont été torturés au nom du patriotisme
nouveau Théâtre lyrique d'Anvers; mais il et tramés dans la boue avant lui.
Le syndicat a des ramifications partout
et il emploie des arguments de grand chemin.
Il constitue en réalité une bande dangereuse
pour la sécurité de tous les architectes.
La pierre bleue donne aux monuments un
aspect uniforme et sinistre à faire pleurer.
Elle se patine un peu avec le temps, mais
c'est au moment où elle va s'effondrer. Il est
donc bizarre que certains polémistes aient
pensé à reprocher le manque d'effets d'ombre
aux monuments en pierre blanche. C'est là
un contre-sens évident, et un artiste très
compétent dans la grande sculpture d'archi-
tecture nous disait récemment : « L'ombre
dans la pierre bleue? C'est un combat de
nègres dans la nuit ! »
On reproche à la pierre blanche de garder
la poussière. Croyez-vous que ce soit un
reproche adroit? Ne pensez-vous pas que la
pierre bleue la reçoive et la garde tout autant?
Mais dans celle-ci, on ne la voit pas. Et cette
poussière adhérente à la pierre blanche, fai-
sant opposition aux parties blanches lavées
par la pluie, ne donne-t-elle pas précisément
ces effets de relief, d'ombre et de lumière qui
manqueraient vraiment trop souvent si on
devait attendre pour les produire les effets
d'un soleil trop rare en Belgique?
Au point de vue économique :
Fontaine de jardin La question des prix joue toujours un rôle
important dans le choix des pierres. Il est
n'a pas voulu céder et il a bravement main- évident qu'en carrière, les pierres dures
tenu la pierre blanche au nom de l'esthétique; françaises ont un prix de revient à peu près
plus récemment, les architectes Van Géluwe égal au prix des pierres bleues. Mais les
et de Noyette, qui avaient prescrit les pierres frais de transport grèvent certainement les
blanches du grand-duché de Luxembourg pierres françaises bien plus que les pierres
pour la nouvelle cathédrale d'Arlon, ont été bleues, pour un emploi en Belgique, s'en-
en butte à la même campagne du même syndi- tend; la différence peut aller de 20 à 60 fr.