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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 4.1907 (Nr. 77-100)

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Supplement au Nr. 81
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En Belgique, [3]: La lutte des pierres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17229#0046

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38

Or, comme il n'est jamais venu à l'idée
d'un carrier français d'introduire en Belgique
des pierres de construction sciées et taillées,
il y a, en pratique, réciprocité d'échange
parfaite. Voilà une vérité vraie et indiscu-
table que l'hypocrisie du syndicat ne pourrait
détruire. Nous la répétons parce qu'elle est
d'une importance capitale : En pratique abso-
lue, les Belges font entrer en France, en fran-
chise de droits, les pierres de construction dans
la même forme où les Français font entrer les
leurs en Belgique, Au point de vue de la réci-
procité pure, on ne peut donc dire que les
Belges soient dupés, et c'est encore un men-
songe volontaire du syndicat que de préten-
dre le contraire.

Enfin, le syndicat se sert actuellement de
statistiques truquées, que l'on présente à peu
près comme ceci : Les statistiques officielles
belges accusent une exportation de matériaux
belges de construction vers la France de
22 millions, et une importation de matériaux
français vers la Belgique de 9 millions.
Mais ces chiffres ne renferment pas unique-
ment les pierres de construction, ils contien-
nent aussi les pavés, les balasts, les ardoises,
les marbres, etc. En réalité, il n'y aurait que
5 millions de pierres de construction expédiées
de Belgique en France, de telle façon que ce
chiffre mis en regard des importations fran-
çaises de 9 millions, prouve au naïf lecteur
que la France aurait tout à perdre dans
une guerre de tarifs.

Voilà ce que dit le syndicat; il oublie, dans
son hypocrite candeur, d'opérer sur les
importations françaises la même correction
que sur les exportations belges. Il oublie
que, de plus, les statistiques de la douane
renseignent à l'entrée en Belgique bien des
produits (ardoises, marbres, etc.), qui n'en-
trent en Belgique que pour en ressortir par
le port d'Anvers.

Le syndicat dit aussi : La France doit à la
Belgique le traitement de la nation la plus
favorisée; elle ne pourrait donc établir de
droits sur les produits belges sans méconten-
ter l'Allemagne, l'Italie, la Suisse, etc. En
voilà encore une naïveté truquée. Supposez,
par exemple, que la France décrète que les

pierres dites d'Ecaussines cesseront de jouir
d'un traitement favorisé et qu'elles seront
assimilées au marbre. Qu'est-ce vous voulez
que cela fasse à l'Allemagne et à l'Italie? Et
cependant, cela en boucherait un coin à bien
des scieurs d'Ecaussines et de Soignies. Sup-
posez même que l'on taxe les blocs bruts en
pierres d'Ecaussines; qu'est-ce que vous vou-
lez que cela fasse aux Allemands?

Au point de vue politique :

C'est surtout dans les eaux troubles de la
politique que le syndicat pêche ses plus forts
arguments. Fort de l'appui des parlemen-
taires financièrement intéressés dans les
exploitations de pierres bleues, il joue du
patriotisme avec une virtuosité que l'on admi-
rerait si on ne savait que ce patriotisme doit
lui rapporter un joli bénéfice, grâce à l'en-
tente fraternelle qui règne en ce moment
entre tous les exploitants, entente que l'on
maintiendra jusqu'au lendemain de l'adjudi-
cation.

Le syndicat a fait imprimer partout que la
pierre bleue était exclue systématiquement
en France. L'hono'able président de la
Chambre de commerce française à Bruxelles
a fait justice de cette assertion et de beau-
coup d'autres lancées au hasard par le syn-
dicat. Mais il est certain que les Français
n'emploient la pierre bleue que là où son
usage est logique, c'est-à-dire dans les tra-
vaux hydrauliques, comme soubassements de
façades, en bordures de trottoirs, etc., etc. On
ne voudrait pourtant pas que les Français en
fassent un usage plus étendu que n'en font
les architectes belges eux-mêmes. Il serait
tout aussi ridicule de trouver étrange, comme
certains journaux belges l'ont fait, que les
municipalités de Toulon et de Marseille,
n'aient pas prévu la pierre bleue d'Ecaus-
sines dans leurs travaux publics.

Pourquoi veulent-ils que les constructions
payées avec l'argent de tous les contribuables
belges soient faites exclusivement en maté-
riaux belges? Nous trouvons pour notre part
que c'est précisément parce que ces construc-
tions sont faites avec l'argent de tous les
Belges qu'il serait hautement incorrect de
 
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