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vaient tout juste^' compenser les insuffisances
et les maladresses des mains-d'œuvre novices
et inexpertes. On comprend donc que les
machines nouvelles et imparfaites des pre-
miers jours aient été destinées aux marbriers
nouveaux établis dans des pays nouveaux
plus ou moins protégés, et qu'elles n'aient eu
que peu de succès dans les centres où une
expérience séculaire avait constitué une
main-d'oeuvre adroite et productive.
Mais la production industrielle de l'ouvrier
est essentiellement limitée. Celle des machines
est, au contraire, perpétuellement perfectible
et il est arrivé ce qu'on pouvait prévoir : les
La sculpture italienne
Chapiteau corinthien
outils nés des premiers essais de travail du
marbre se sont améliorés chaque jour et les
anciens centres marbriers, malgré leur per-
sonnel expérimenté, seraient appelés à dispa-
raître s'ils se refusaient encore aujourd'hui à
suivre la voie du progrès. Il se trouve donc
que les Américains et les Allemands, qui, il y
a quelques années, ne pouvaient lutter contre
nous, malgré leurs machines et malgré leurs
protections douanières, menacent aujourd'hui
de nous enlever nos anciens marchés et
même de porter la lutte chez nous. Nous n'en
donnerons pas d'autres preuves que les quel-
ques belles installations faites à Londres l'an
dernier en marbres d'Amérique, et l'envahis-
sement du marché parisien par les monuments
funéraires en granit et syénite importés
d'Allemagne.
Des esprits mesquins et étroits, parmi les-
quels on regrette de trouver des députés de
la région granitière des Vosges, n'ont trouvé
d'autres remèdes à cette situation qu'une
élévation des droits d'entrée sur les granits
allemands. Il est triste de constater que les
intérêts du pays soient dans les mains de
gens à aussi courte vue. Pourquoi les Amé-
ricains et les Allemands nous font-ils une
concurrence victorieuse? C'est à cause du
perfectionnement de leur outillage; et la
seule façon de lutter contre eux est d'avoir
un outillage égal, sinon supérieur.
Les pouvoirs publics peuvent-ils aider
l'industriel dans cette voie? Nous pensons
que oui, et nous étudierons un jour la ques-
tion dans ces colonnes.
En attendant, nous allons commencer une
étude des machines nouvelles, en publiant de
temps en temps les inventions que la pratique
a sanctionnées, de façon, toutefois, à ne pas
en donner une indigestion à nos lecteurs.
Dans nos vieux pays, où l'influence de la
main-d'œuvre est dominante, nous sommes
habitués à rencontrer, chez l'ouvrier, une hos-
tilité de principe à l'introduction de tout outil
nouveau. Nos ouvriers conduisent les nou-
velles machines avec une hostilité et une
maladresse qui frisent le sabotage. Cette dis-
position d'esprit provient évidemment d'une
compréhension très étroite des intérêts de la
classe ouvrière. Nous ne perdrons pas de temps
à réfuter l'agissement qui représente la
machine comme la concurrente de l'ouvrier.
La cause est entendue depuis longtemps et
il n'est pas un esprit tant soit peu éclairé qui
n'ait son opinion bien nettement établie à
cet égard. Mais nous avons été particulière-
ment heureux de trouver, dans l'organe
socialiste officiel des ouvriers marbriers, Le
Carrier, numéro de novembre 1907, le com-
vaient tout juste^' compenser les insuffisances
et les maladresses des mains-d'œuvre novices
et inexpertes. On comprend donc que les
machines nouvelles et imparfaites des pre-
miers jours aient été destinées aux marbriers
nouveaux établis dans des pays nouveaux
plus ou moins protégés, et qu'elles n'aient eu
que peu de succès dans les centres où une
expérience séculaire avait constitué une
main-d'oeuvre adroite et productive.
Mais la production industrielle de l'ouvrier
est essentiellement limitée. Celle des machines
est, au contraire, perpétuellement perfectible
et il est arrivé ce qu'on pouvait prévoir : les
La sculpture italienne
Chapiteau corinthien
outils nés des premiers essais de travail du
marbre se sont améliorés chaque jour et les
anciens centres marbriers, malgré leur per-
sonnel expérimenté, seraient appelés à dispa-
raître s'ils se refusaient encore aujourd'hui à
suivre la voie du progrès. Il se trouve donc
que les Américains et les Allemands, qui, il y
a quelques années, ne pouvaient lutter contre
nous, malgré leurs machines et malgré leurs
protections douanières, menacent aujourd'hui
de nous enlever nos anciens marchés et
même de porter la lutte chez nous. Nous n'en
donnerons pas d'autres preuves que les quel-
ques belles installations faites à Londres l'an
dernier en marbres d'Amérique, et l'envahis-
sement du marché parisien par les monuments
funéraires en granit et syénite importés
d'Allemagne.
Des esprits mesquins et étroits, parmi les-
quels on regrette de trouver des députés de
la région granitière des Vosges, n'ont trouvé
d'autres remèdes à cette situation qu'une
élévation des droits d'entrée sur les granits
allemands. Il est triste de constater que les
intérêts du pays soient dans les mains de
gens à aussi courte vue. Pourquoi les Amé-
ricains et les Allemands nous font-ils une
concurrence victorieuse? C'est à cause du
perfectionnement de leur outillage; et la
seule façon de lutter contre eux est d'avoir
un outillage égal, sinon supérieur.
Les pouvoirs publics peuvent-ils aider
l'industriel dans cette voie? Nous pensons
que oui, et nous étudierons un jour la ques-
tion dans ces colonnes.
En attendant, nous allons commencer une
étude des machines nouvelles, en publiant de
temps en temps les inventions que la pratique
a sanctionnées, de façon, toutefois, à ne pas
en donner une indigestion à nos lecteurs.
Dans nos vieux pays, où l'influence de la
main-d'œuvre est dominante, nous sommes
habitués à rencontrer, chez l'ouvrier, une hos-
tilité de principe à l'introduction de tout outil
nouveau. Nos ouvriers conduisent les nou-
velles machines avec une hostilité et une
maladresse qui frisent le sabotage. Cette dis-
position d'esprit provient évidemment d'une
compréhension très étroite des intérêts de la
classe ouvrière. Nous ne perdrons pas de temps
à réfuter l'agissement qui représente la
machine comme la concurrente de l'ouvrier.
La cause est entendue depuis longtemps et
il n'est pas un esprit tant soit peu éclairé qui
n'ait son opinion bien nettement établie à
cet égard. Mais nous avons été particulière-
ment heureux de trouver, dans l'organe
socialiste officiel des ouvriers marbriers, Le
Carrier, numéro de novembre 1907, le com-