Julitag
les toiles emouvantes; les Pommes, les tameuses pommes de
Cezanne, sont, tres naturellement, placees dans la salle ä manger.
J’aime que l’amateur raffine n’ait pas honte de donner ä un chef-
d’ceuvre la destination bourgeoise qu’un petit retraite parisien
assignerait ä un chromo culinaire ou cynegetique.
C’est parce que Mme R. a dissemine, eile aussi, dans ses
appartements prives, les toiles de jeunes dont eile fait, avec goüt
si je m’en rapporte au catalogue, collection que je fus prive de
revoir tant de toiles amies. Seule, une toile de Gauguin, acquise
par l’elegante chätelaine de B., se mele aux Cezannes, aux
Manets, aux Renoirs, aux Goyas et aux Monticellis. C’est la
grande negresse jaune ä l’evantail, vautree avec une gräce animale
dans un fauteuil vulgaire, sur fond jaune. Cette toile a ete tres
peu exposee ä Paris, mais ceux qui l’y virent en ont garde
une Sorte d’eblouissement.
Sachant que je revenais d’Allemagne, Hermann-Paul me de-
manda, avant tonte chose, si j’avais vu la Negresse de Gauguin.
II ne se füt pas informe avec plus de passion d’une vieille amie.
Je place Paul Gauguin fort au-dessous de Paul Ce'zanne.
Mais c’est faire un assez bei eloge de la Negresse que dire qu’elle
resiste parmi les vingt-sept chefs-d’oeuvre du grand Provencal.
g
les toiles emouvantes; les Pommes, les tameuses pommes de
Cezanne, sont, tres naturellement, placees dans la salle ä manger.
J’aime que l’amateur raffine n’ait pas honte de donner ä un chef-
d’ceuvre la destination bourgeoise qu’un petit retraite parisien
assignerait ä un chromo culinaire ou cynegetique.
C’est parce que Mme R. a dissemine, eile aussi, dans ses
appartements prives, les toiles de jeunes dont eile fait, avec goüt
si je m’en rapporte au catalogue, collection que je fus prive de
revoir tant de toiles amies. Seule, une toile de Gauguin, acquise
par l’elegante chätelaine de B., se mele aux Cezannes, aux
Manets, aux Renoirs, aux Goyas et aux Monticellis. C’est la
grande negresse jaune ä l’evantail, vautree avec une gräce animale
dans un fauteuil vulgaire, sur fond jaune. Cette toile a ete tres
peu exposee ä Paris, mais ceux qui l’y virent en ont garde
une Sorte d’eblouissement.
Sachant que je revenais d’Allemagne, Hermann-Paul me de-
manda, avant tonte chose, si j’avais vu la Negresse de Gauguin.
II ne se füt pas informe avec plus de passion d’une vieille amie.
Je place Paul Gauguin fort au-dessous de Paul Ce'zanne.
Mais c’est faire un assez bei eloge de la Negresse que dire qu’elle
resiste parmi les vingt-sept chefs-d’oeuvre du grand Provencal.
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