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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Valabrègue, Antony: Notes sur quelques artistes: Un peintre français à Berlin - Antoine Pesne
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0066

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es visiteurs qui parcourent à Berlin
les galeries du Musée, les salles du
Palais impérial, et surtout les appar-
tements que Frédéric le Grand a
occupés au château de Potsdam et à
Sans-Souci, remarquent les œuvres
assez nombreuses d’un peintre fran-
çais qui appartient à notre gracieuse
et pimpante école du xvme siècle.

Premier peintre du roi Frédéric le Grand, directeur
de l’Académie de peinture que celui-ci avait fondée, por-
traitiste en titre de la famille royale, cet artiste, Antoine
Pesne, est à peine connu aujourd’hui des érudits. Jusqu’à
l’ouverture de la salle des Portraits, le Louvre ne possé-
dait rien de lui, et sa place était vide à côté des de "Iroy,
des Largillière, des Vanloo et des Nattier. La galerie de
Versailles avait seulement hérité d’un portrait que Pesne
avait envoyé à l’Académie de peinture de Paris dont il fut
membre, et qui représente Nicolas Vleughels, directeur
de l’Académie de France à Rome. C’est ce portrait, fort
gracieux d’ailleurs et d’une touche élégante, qui vient d’être
transporté dans notre galerie nationale. Antoine Pesne a
subi le sort réservé aux peintres qui trouvent une seconde
patrie à l’étranger, et qui sont d’autant plus vite oubliés
dans leur pays natal.

Né à Paris, en i683, il était issu d’une famille d'ar-
tistes, peintres et graveurs; il était, en outre, neveu de
Charles de Lafosse. Comment alla-t-il à Berlin ? A quel
moment sa faveur commença-t-elle? On sait que le
xvnie siècle fut un âge d’or pour nos artistes. Chaque
nation s’inspirait du goût français et partout on se dispu-
tait nos peintres, nos architectes et nos sculpteurs. Les
princes étrangers étaient renseignés par leurs ambassa-
deurs et leurs correspondants. Leurs choix se portaient
sur les noms en vogue et quand un artiste leur était
désigné, ils n’épargnaient rien pour le décider à quitter
la France, et ils lui faisaient offrir par traité les meilleures
conditions.

Voltaire écrivait au roi de Prusse, en 1740 : « J’engage
Tome XLVI1.

des peintres et des sculpteurs, et je pars pour la Prusse. »
Le grand philosophe n’a point conduit à la cour de Fré-
déric les artistes français dont il parlait, mais son influence
s’est exercée de bien des façons. Le marquis d’Argens,
devenu chambellan du roi et directeur de la classe des
belles-lettres à l’Académie de Berlin, a contribué à faire
apprécier nos arts. Au reste, en ce qui concerne Antoine
Pesne, cet artiste n’avait pas besoin d’être recommandé au
roi par aucun de ses amis. Sa faveur avait commencé sous
le règne de Frédéric Ier, l’électeur de Brandebourg, qui
était devenu roi de Prusse; Pesne était venu s’établira
Berlin, en 1710, trois ans avant le règne de Frédéric-
Guillaume Ior, pçre de Frédéric le Grand.

Les débuts d’Antoine Pesne avaient été faciles. Il avait
accompli de bonne heure le voyage de Rome, et il était
allé étudier aussi l’art italien à Naples et à Venise. Un
heureux hasard lui permit de faire, à Venise, le portrait
d’un gentilhomme allemand, le baron de Kniphausen, qui,
de retour en Prusse, montra ce tableau à Frédéric Ier. Ce
tut l’origine de sa fortune; le roi, satisfait de cette œuvre,
fit faire à Pesne des propositions qu’il accepta. Il arriva à
Berlin, après s’être marié en Italie; il avait épousé la fille
d’un de ses compatriotes, qui vint le rejoindre plus tard,
le peintre de fleurs Guyot-Dubuisson.

Antoine Pesne n’eut pas à attendre ni à chercher la
vogue; pendant tout le règne de Frédéric-Guillaume, une
suite non interrompue de portraits sortit de son atelier.
Le roi posa plusieurs fois devant lui, seul ou entouré de
sa famille; des courtisans, de grands personnages eurent
recours à son pinceau. Sa renommée s’étendit dans les
petites cours allemandes, et plusieurs princes vinrent à
Berlin lui demander leur portrait.

Rien n’indique qu’il ait jamais eu à souffrir du carac-
tère du roi et de ses brusqueries qui sont devenues légen-
daires. Tandis que sa renommée grandissait à Berlin, il
n’oubliait pas la, France, et il se préoccupait de se faire
recevoir à l’Académie de peinture. Il y fut admis, le
27 juillet 1720, avec une Dalila coupant les cheveux à
Samson. Les procès-verbaux de la Compagnie, publiés

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